Choses qui disparaissent :
Des sentiers
Des chemins de terre
Des routes bordées de haies
Des champs de cultures qui s’étendent à perte de vue
Des voies de circulation sans infrastructures modernes : béton, trottoir, signalisation, muret de protection.
Imagine le paysage d’autrefois sans aménagements pour la circulation des véhicules, des voies pas goudronnées, pas balisées
Imagine l’accès en contrebas du village par un petit sentier escarpé. J’ai vu une mauvaise photographie, trop sombre, trop floue, on se projette, on reconstitue de tête
C’est un chemin de terre semé de cailloux, tout juste large pour laisser passer un char à bœufs. Deux voitures ne s’y croiseraient pas aujourd’hui. On l’emprunte pour accéder aux cultures et aux enclos en bas du village
Pour rejoindre le reste du monde, un chemin zigzague en dessous du promontoire qui domine cette micro-vallée. C’est un lieu isolé, il faut accepter d’y vivre coupé du reste du monde et de marcher longtemps sur des chemins. Il faut accepter de vivre sept mois sous la neige
Un jour, il y a très longtemps – je ne sais pas exactement jusqu’où remonter, j’imagine depuis la domestication des bêtes, depuis que les humains vivent avec les troupeaux – un jour, les bêtes – des brebis, des vaches, des chèvres – se sont arrêtées pour brouter l’herbe de ces prairies d’altitude. Les humains les ont suivies. Et ils sont restés. Ils se sont attachés. Ils ne sont plus jamais partis.
Des chemins qui disparaissent
Qui restent les mêmes
Qui changent
Qui vieillissent
Qui rétrécissent
Qui s’élargissent
Qui prennent l’eau
Qui s’arrêtent
Qui se dessèchent
Qui grimpent
Qui descendent
Qui glissent
Qui deviennent dangereux
Qui semblent sans issue
Qui poursuivent une ligne infinie
J’aime beaucoup cette remontée dans le temps en suivant route, chemin, sentier et chèvres. C’est très réussi.
Ces choses qui disparaissent se dessinent, zigzaguent… merci Olivia pour tout ce qui chemine vers nous