#rectoverso #14 | Le CO-EB : COllectif Ecrivain Broutches #

« Leur désir d’être souvenue » ? (Vinciane Despret – Au bonheur des morts)

NOTICE PREPARATOIRE

‘Broutches’ du latin bruxum, le fragon. (Selon la légende c’était la plante dans laquelle les sorcières se roulaient au moment de leur initiation)

Cette notice s’adresse à tous.tes, Broutches des générations anciennes et celles prenant le relais en ce troisième millénaire déjà bien amorcé. Elle sera insérée après ajouts collectifs, dans le Malleus Maleficarum, dans la version du CO-EB, Collectif Ecrivain des Broutches (2053) je veux dire. Car, l’ancienne version de 1487 n’a gardé son nom que pour mieux faire la nique à ses auteurs – j’ai nommé Henri Institoris et Jacques Sprenger, deux dominicains totalement démoniaques – qui en avait fait un vrai mode d’emploi de démonologie, destiné à mettre en œuvre la chasse aux sorcières. J’inclus dans les Broutches, la plupart des hommes, ainsi que les crapauds, serpents, chauves-souris, chouettes effraie et autres rapaces ou hérissons…

Re-susciter les histoires anciennes pour suivre les métamorphoses de la figure de la BROUTCHE, repoussoir grotesque et maléfique, inspirée entre autres de la mythologie antique (les lamies, les stryges, les cauchemars).

Imaginaire collectif dans nos livres d’enfant, dessins animés, images de vieilles femmes au nez crochu, toute de noir vêtu, affairées à touiller on ne sait quoi devant leurs chaudrons, ou jeunes femmes nues volant sur leurs balais. Un folklore qui prête à sourire…

« La chasse aux sorcières », est pratique courante depuis le 13e siècle« On cherchait des boucs – émissaires pour expliquer les infortunes de l’époque, celles-ci bien pénibles dès 1300, mais épouvantables dès 1347 ; on les trouva d’abord parmi les juifs, les lépreux, les Templiers ; Les sorciers ruraux, fournirent à leur tour une cible rêvée » … (Cohn cité par Leroy- Ladurie)

Entre le 16e et le 19e siècle, cette chasse aux sorcières s’est répandue dans toute l’Europe et plus loin, au travers du devenu fameux Malleus Maleficarum.

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Figures majeures de la période dite : toutes les descendant.es des « herboristas », dont, Mona Chollet, Armelle Le bras Chopard, Marie Wigman, Xavière Gauthier, Anne Sylvestre, Sandrine Rousseau, et encore un peu plus tard au tournant du siècle dernier, toute les jeunes filles et les jeunes hommes, déconstruit.e.s de la gén Z.

Courants esthétiques et idéologiques d’alors : ‘Les putains du diable’, les ‘Witches’, ‘Les sorcières bien aimées’ (ou pas d’ailleurs) – l‘ethnobotanique’ devenue science du vivant, ‘the’ référence pour le parlement mondial des Broutches, ‘the’ base d’une collaboration internationale en soutien des victimes des ex-conflits mondiaux.

Evénement marquant/majeur de ce temps là : reconnexion avec la Nature.

Œuvres principales perpétuelles et collectives en cours : chantiers dans des domaines tous azimuts. Pour ne citer qu’eux : JUSTICE (Appel à « Poussouères », on précise bien, en cas d’extrême nécessité) ; EMPLOI -recrudescence du métier d’apothicaire (Délivrance de soins médicaux animistes) ; EDUCATION à génération XXL (Transmission des rites agraires d’appel à bonnes semailles et récoltes) ; AMOUR (le réinventer) ; RECONNAISSANCE DU MONDE INVISIBLE (Faut-il préciser là également ? Refus d’un climat d’intransigeance religieuse ou idéologique quel qu’il soit) ; POLITIQUE ET ECONOMIQUE (Refus d’un climat d’intransigeance politique d’extrême – droite, car y a des limites. Solution : on se transporte et on se bat en esprit entre ‘faisants’ et ‘malfaisants’ sans quitter son lit et uniquement la nuit – ça fait moins de dégâts et de bruit). FOURRE TOUT : Réécriture Broutchienne, à tort et à travers, du Malleus Maleficarum. .

Epicentres géographiques et lieux des rencontres mondiales : les fontaines, forêts, tourbières, landes marécageuses, feux des bourgs, bidonvilles et tentes de toutes sortes, cours d’immeubles de banlieues et non lieux…. Autant d’espaces de « sabbat », du 15e siècle en Europe, en France, par exemple au Pays Basque et en Béarn (Ogeu-les-Bains et Arudy en particulier), en Suisse et en Allemagne, et en 2025, là où sévissaient encore des croyances mal appropriées – les enfants sorciers – par exemple en Afrique subsaharienne, dans l’Inde rurale du Nord, en Papouasie – Nouvelle-Guinée, mais aussi… 

Bibliographie, œuvres plastiques, chorégraphiques, cinématographiques…  Femmes du siècle dernier, dans le désordre total : Françoises Héritier (toute son œuvre); Xavière Gauthier créatrice de la revue féministe Sorcières (1976) ; Hannah Arendt – Auschwitz et Jérusalem pour un éclairage sur les rebonds brûlants de l’actualité des années 2024-2025 (qui n’a rien à voir avec notre propos quoique…); les écrivaines de récits dépliés avec force et délicatesse pour dire la fragilité solide de la femme, comme par exemple L’art et la manière de Barbara Carlotti – Triste Tigre de Neige Sinno, ou Les âmes sauvages de Nastassja Martin, tant d’autres. ll y a par ailleurs le film du suédois Magnus von Horn – La jeune femme à l’aiguille… ou celui de Charlène Favier, Oxana, et puis, les huit séries de Ma sorcière bien aimée (1964), j’ajoute le solo de Marie Vigman La danse de la sorcière (1926), j’en passe…

Toutes ces créations en mots et images, témoins de cette époque révolue, sont choisies de façon totalement subjective. La liste est volontairement incomplète et hétéroclite. Peut-être représentera t-elle au moins quelques unes des milliers de femmes qui ont péri, noyées, brûlées, torturées. Durant leurs procès, on les déshabillait, Les sorcières étaient accusées de voler le sexe des hommes (Armelle Le Bras Chopard). Femmes trop belles ou trop âgées, en marge, pauvres ou riches, guérisseuses, elles incarnaient des agissements diaboliques. Exit les guérisseuses, et place aux religieuses infirmières sous l’ordre des médecins hommes. Appropriation d’un pouvoir féminin par une pouvoir masculin.

Et les hommes sorciers dans tout cela ? On évalue à 20% le nombre d’hommes accusés de sorcellerie sur les 60 000 victimes exécutées entre le XVIe et le XVIIe siècle. Certes. Mais encore ? Les statistiques décidément, disent un peu, et sûrement pas assez. Tous ces épisodes passés, suffisamment longs pour marquer les mémoires, mais qui, n’ont ni encombré nos livres d’histoire, ni empêché de louer le modernisme de la renaissance.

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…. dans les années 2000, la sorcière a encore changé de statut. Elle incarne une guérisseuse chamane néopaïenne, une activiste « queer », écologiste, opposée au patriarcat…

La logique de haine plus que jamais prête à appeler des ripostes, des horizons « maléfiques », la Broutche est revenue dire, qu’il faut accompagner notre monde en transition, que tout pouvoir qui s’exerce sur-occasionne des résistances, des colères, des crimes, qu’il faut lui préférer le développement de pouvoirs créatifs entre êtres humains respectueux, des richesses de l’air, du feu, de l’eau et de la terre, qu’il serait bon d’être conscient du plaisir de les partager.

En ce millénaire 1967 – 2067, les Broutches sont-elles toujours des absentes de l’Histoire sérieuse ?

On aura au travers de cette esquisse de notice, à cœur de transcrire toutes les questions que soulèveront la thématique choisie : « L’écriture des femmes ».

RV lors de notre prochain conseil, à l’équinoxe du printemps, le 20 mars 2050 sous l’Arche de la friche d’Arudy, avec qui veut et peut pour y travailler.

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Dans la version du Malleus Maleficarum remaniée en continu depuis 1967 par le CO-EB*, l’interview de Xavière Gauthier avec Marguerite Duras, transcrit par Aurore Turbiau (qu’elle soit ici remerciée), figure en première page du chapitre « Questions sur l’écriture de femmes ».  

« En avril, avec quelques amies chercheuses, nous avons fondé un groupe de recherche nommé « Les parleuses »  ; il est donc peut-être temps que je fasse un petit texte de présentation de l’ouvrage qui a donné l’inspiration pour ce nom. Les Parleuses, c’est d’abord un livre publié en 1974. […]

Marguerite Duras, Xavière Gauthier, Les Parleuses (1974), par Aurore Turbiau
Publié 30/06/2019 · Mis à jour 27/02/2021

Xavière Gauthier philosophe et chercheuse au CNRS, avait en 1976 fondé la revue féministe Sorcières. Nous, CO-EB avons choisi, quelques paroles extraites de cet interview répondant à des préoccupations en partie encore nôtres en ce troisième millénaire.

« Je voudrais que Sorcières soit un lieu ouvert pour toutes les femmes qui luttent en tant que femmes, qui cherchent, écrivent, chantent, filment, peignent, dessinent, sculptent, jouent, travaillent, leur spécificité et leur force de femme

Xavière et Marguerite, ont été en 2050, déclarées membres honoraires post mortem de notre Malleus.

Aurore Turbiau – Xavière Gauthier, en 1973, propose au Monde un dossier sur l’écriture des femmes : elle contacte notamment pour le constituer Julia Kristeva, Dominique Desanti, Luce Irigary et Marguerite Duras. La publication est finalement annulée, mais la rencontre entre Xavière Gauthier et Marguerite Duras a été trop enthousiaste pour que le projet soit totalement abandonné : les deux femmes décident de se retrouver pour mener ensemble trois autres entretiens et en publier la transcription écrite ».

Plan de l’article d’Aurore Turbiau (cf biblio)

Ecrire et se faire publier en tant que femme
Imaginer ce que pourrait être une « écriture féminine »
Imaginer un monde sans hommes : « sororité » et utopie …
Imaginer ce que pourrait être une « écriture féminine » : les hésitations de Duras (extraits) 

X. G. – Est-ce qu’on peut dire qu’il n’y a que les femmes qui écrivent complètement ?
M. D. – Oui. Peut-être il n’y a que les femmes qui écrivent.
X. G. – De toute façon je pense que les écrivains-hommes, pour écrire, il faut qu’ils soient des femmes, aussi. Non ?
M. D. – Ah oui, ça, c’est certain, ou bien ça donne une horreur montherlanienne. […]
 

A.T. : Il faut sans doute ici ré-éclairer le passage. Marguerite Duras vient de tenter une explication de sa manière d’écrire : pour elle, il s’agit « de traduire l’illisible en passant par le véhicule d’un langage indifférencié, égalitaire » : l’illisible c’est en somme l’intériorité qu’il faut convertir en extériorité. Or chez les fous, auxquels elle vient de comparer les femmes, tout devient extériorité : du moment que l’ombre interne est transférée à l’extérieur, c’est une « lumière illuminante » qui prend sa place.

Et ainsi « seuls les fous écrivent complétement » : seuls eux – et les femmes- vivent totalement la transgression.  Dans ce sens « les femmes » sont les seules à écrire complètement – Xavière Gauthier et Marguerite Duras tentent l’idée.

Immédiatement tout de même elles se rétractent et proposent plutôt l’hypothèse selon laquelle ce serait la part féminine des écrivain·e.s qui porterait ce rôle, pas d’un bloc “les femmes” (elles convoquent ainsi l’idée de la bisexualité au sens freudien). Un·e écrivain·e qui a une part de féminin peut, ainsi, “écrire complètement” ; celui qui le refuserait ne ferait guère mieux qu’un Montherlant, de la littérature essentiellement misogyne. […]  
Quelques auteurices des années 2000

L’anthropologue Françoise Héritier dans toute son œuvre note l’inquiétant pouvoir des femmes de se reproduire. Elles fabriquent des filles mais aussi des garçons. Cette maitrise des femmes sur leur corps est une menace de l’ordre social et patriarcal. Il est longtemps une menace par le pouvoir masculin aidé largement par le religieux plus friand d’une sexualité non reproductrice.    

L’essayiste Mona Chollet : « Sorcières, la puissance invaincue des femmes », « Réinventer l’amour », « Résister à la culpabilisation ». Importance accordée au désir proprement féminin, compréhension que ce désir fait peur aux hommes. La femme s’échappe de son mari avec son balai pour littéralement s’envoyer en l’air.

« L’art et la manière » de Barbara Carlotti. Elle écrit le corps, raconte le sexe des femmes. (Cf les Femen et le film de Charlène Favier « Oxana« )  

Etienne-Leon de Lamothe-Langon, romancier, avait inventé l’existence de sabbats où les sorcières – mélange d’érotisme et d’horreur – étaient censées s’accoupler avec le diable. Son récit curieusement repris sans vérification par d’illustres historiens dont Jules Michelet dans son ouvrage « La sorcière » (1862), a initié au bout du compte, une figure positive de celle-ci incarnant la figure de la femme rebelle, par sa soif de liberté, et romantique, par sa destinée tragique.   La sorcière pour les artistes au moins, (cf la chorégraphe allemande Marie Wigman) est devenue une icône inspirante, un personnage libre, tout puissant, créatif.  

Années 70 : L’importance de la joie, du rire et de la reconnaissance

X. G. – Il y a encore beaucoup de travail à faire, avec les femmes, je veux dire il y a un travail de reconnaissance entre femmes, non ? Parce que les hommes les ont beaucoup divisées.
M. D. – Ben… oui. Il y a une jalousie des hommes, entre les hommes, des hommes entre eux, qui n’existe pas entre les femmes. Vous ne croyez pas, vous ?
X. G. – Je voudrais bien que ce soit comme ça, je ne sais pas. Je crois quand même qu’actuellement elles sont très opposées, très divisées. Je voudrais bien qu’il y ait une connivence, une complicité… Il y a peut-être ça aussi, mais il y a, autour des hommes, une rivalité, une possessivité, non ?
M. D. – Quand une femme… Je viens de découvrir un peintre-femme, un grand peintre femme qui s’appelle Jeanne Socquet, j’en ai eu une véritable joie. C’est une affaire qui me concerne.
X. G. – Oui. Ça, je comprends très bien, parce que moi aussi je me sens concernée quand il y a…
M. D. – Quand Sarraute a eu son succès avec sa pièce, avec la pièce Isma, j’ai éprouvé une véritable joie. Eh bien, je me suis aperçue, à la dire à mes amis, que cette joie était féminine.

2025- Propos épars de la gen’Z, histoire de faire peut-être un peu écho à la génération des années 70 et de nous faire réfléchir à notre génération des années 2050. La joie ?

La fête – une résistance, se retrouver, militantisme – liberté de se déplacer…espace où on ne pense pas, mon corps fait ce qu’il veut !

« Me too » à 11 ans – un avant un après ! Le monde d’avant ? L’homo-transphobie avant nous, le harcèlement, ça existait ! C’était ouf !

Pratiques culturelles partagées : vêtements, musique breakbeat, Bass music… Réseaux sociaux mais pas si sociaux que ça… Un entre soi aussi. Des « remis » quand même ! 4246 followers et moi, je suis 1600 personnes. Mots clés et l’IA sort des phrases ! Animation 2D, 3D.

Ne pas perdre sa vie à la gagner ! Ca fait grandir de travailler mais pas trop. Travailler en équipe mais seule aussi. Profiter de son temps libre (lecture, concerts, photos…).

Générations désenchantées ? Les politiques ont failli – inadéquation de la démocratie- On fait citoyenneté autrement. Créer du lien, être festif, remettre de la couleur dans le monde, paillettes biodégradables !  Des alternatives joyeuses mais on n’est pas raccord avec les générations précédentes et leur manière de voir. Asso avec des potes, maraudes, solidarité au quotidien, nouvelles manières de faire de l’agriculture de créer des biens et des services…      

Années 70 : Le besoin d’un militantisme non mixte et révolutionnaire

M. D. – C’est un petit peu la fin du monde, ce qui est décrit là, dans ce que nous disons, hein ?
X. G. – Fin du monde ou début d’une autre histoire, parce qu’il y a quand même toute une histoire, jusqu’à maintenant, où c’est une société d’hommes.
[…] M. D. […] C’est la femme, la force. […]. Je pense qu’il faut l’organisation de la force.
X. G. – Et les femmes le peuvent ?
M. D. – Les femmes peuvent. Si les femmes étaient écoutées, elles pourraient. Il faut qu’elles organisent cette écoute, qu’elles se fassent entendre. Cette grande passivité qui, à mon avis, s’annonce, fondamentale, il n’y a qu’elles, vraiment qu’elles, qui puissent l’imposer, qui puissent en donner l’exemple.
X. G. – Mais…
M. D. – Alors elles sont dans une passivité, je dis bien, très importante, bien sûr, en ce qui concerne leur…, leur cas. Elles se séparent des hommes, elles vivent en groupe, elles sont dans une passivité vis-à-vis de l’homme, elles le refusent, mais je crois que si cette passivité pouvait sortir des groupes, et que les femmes commencent à être dans la rue, et à refuser les propositions, elles vivraient leur féminité, autant que dans un groupe fermé. C’est ça qui me gêne, parce que tu peux appeler ça n’importe comment, je veux dire, c’est pas ça, on peut tourner autour pendant… pendant une heure, c’est quand même un militantisme, de s’enfermer entre soi.
[…]
2025 : la gen’Z . Nouveaux chemins – Coups de pied dans la fourmilière !  

« Iel » : mot introduit sur le site du Robert en 2021 : contraction d’IL et d’ELLE – Pronom personnel sujet de la 3ième personne du singulier et du pluriel, employé pour désigner une personne quel que soit son genre- caractère non binaire. ( ‘copaine’ dans la même lignée)  

A la place du mariage, le consentement ! Merci Giselle Pelicot : conscience des crimes et délits

Changer la honte de camp.



En France, le 12 septembre 2017 lors d’une manifestation contre la réforme du travail, un collectif de sorcières le « Witch Bloc Panam » défile en chapeaux pointus et banderoles « Macron au chaudron ». Le 20 janvier 2019, ce même collectif manifeste à Marseille pour le droit à l’avortement avec comme mot d’ordre « Conservatisme, du balai, gardez vos rosaires loin de nos ovaires ! » et « Plutôt jouir que se reproduire ».

En Aout 2021, (C’est déjà si loin !), le mouvement écoféministe apparu dès les années 1970 défend l’idée que les femmes sont les victimes du capitalisme et du patriarcat et qu’il serait temps de changer de modèle de référence. Sandrine Rousseau candidate à la primaire des écologistes avait répondu aux journalistes de Charlie Hebdo : « Je préfère des femmes qui jettent des sorts plutôt que des hommes qui construisent des EPR ». On l’a traitée de sorcière et disqualifiée en tant que femme politique. Les clichés ont la dent dure.

Paroles de la chanson Une Sorcière Comme Les Autres par Anne Sylvestre(1975)

S’il vous plaît
Soyez comme le duvet
Soyez comme la plume d’oie
Des oreillers d’autrefois
J’aimerais
Ne pas être portefaix
S’il vous plaît
Faites-vous léger
Moi je ne peux plus bouger

Je vous ai porté vivant
Je vous ai porté enfant
Dieu comme vous étiez lourd
Pesant votre poids d’amour
Je vous ai porté encore
A l’heure de votre mort


Une sorcière
Comme les autres

Il vous faut
Être comme le ruisseau
Comme l’eau claire de l’étang
Qui reflète et qui attend
S’il vous plaît
Regardez-moi je suis vraie
Je vous prie
Ne m’inventez pas
Vous l’avez tant fait déjà
Vous m’avez aimée servante
M’avez voulue ignorante
Forte vous me combattiez
Faible vous me méprisiez
Vous m’avez aimée putain
Et couverte de satin


Vous m’avez faite statue
Et toujours je me suis tue

Quand j’étais vieille et trop laide
Vous me jetiez au rebut
Vous me refusiez votre aide
Quand je ne vous servais plus
Quand j’étais belle et soumise
Vous m’adoriez à genoux
Me voilà comme une église
Toute la honte dessous

Ce n’est que moi
C’est elle ou moi
Celle qui aime
Ou n’aime pas
Celle qui règne
Ou se débat


C’est Joséphine
Ou la Dupont
Fille de nacre
Ou de coton

C’est mon coeur
Ou bien le leur
Celle qui attend
Sur le port
Celle des monuments
Aux morts
Celle qui danse
Et qui en meurt
Fille bitume
Ou fille fleur

Et c’est ma mère
Ou la vôtre


Une sorcière
Comme les autres

S’il vous plaît
Soyez comme je vous ai
Vous ai rêvé depuis longtemps
Libre et fort comme le vent
Libre aussi
Regardez je suis ainsi
Apprenez-moi n’ayez pas peur
Pour moi je vous sais par coeur

J’étais celle qui attend
Mais je peux marcher devant
J’étais la bûche et le feu
L’incendie aussi je peux
J’étais la déesse mère
Mais je n’étais que poussière

J’étais le sol sous vos pas
Et je ne le savais pas

Mais un jour la terre s’ouvre
Et le volcan n’en peut plus
Le sol se rompt
On découvre des richesses inconnues
La mer à son tour divague
De violence inemployée
Me voilà comme une vague
Vous ne serez pas noyé

BIBLIO

Littératures engagées. Consulté le 15 août 2025 https://doi.org/10.58079/odx0

Aurore Turbiau (30 juin 2019). Marguerite Duras, Xavière Gauthier, Les Parleuses (1974). 

Anne SAOUTER :  docteur en anthropologie : « Figures de sorcières, de la guérisseuse à la féministe, l’inquiétant pouvoir des femmes ». Intervention lors de la rencontre Broutches à Ogeu – Les- Bains le samedi 11 décembre 2011.

Les enfants du millénaire : podcast France Culture LSD par Léa Capuano. http://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-les-enfants-du-millenaire

Anne Sylvestre - Une sorcière comme les autres - Chanson française

Dessins d'un résident de Perce Neige en atelier d'écriture.

A propos de Yael

Je me balade entre théâtre et écriture. Avec le Tiers livre, j'ai envie de me surprendre, de jouer plus ! Sinon souvent scotchée de réaliser comment l’invisibilité finit toujours par poindre et surgir avec fracas. Je voudrais incarner par l’écriture ce trouble profond. Plus que jamais aujourd'hui. "Un dimanche à Auschwitz," Yaël Uzan-Holveck (orchestration d'extraits d'interviews) et Laurent Wajnberg (photographies), éd. de l'Aube, 2003, réédition 2024

4 commentaires à propos de “#rectoverso #14 | Le CO-EB : COllectif Ecrivain Broutches #”

  1. ça en valait la peine parce qu’on se laisse embarquer parfois dévier du courant pour mieux y revenir, dans le tourbillon des articles, qui laisse horizon libre. Souquons ferme avec les Broutches du CO-EB ! Merci Yael pour ce remarquable travail d’écriture inventive.

  2. Eh oui, les broutches ou même bruches dans les Pyrénées centrales avaient bien leur place là… En tout cas, merci de la leur avoir donnée… pour elles… et pour nous !