Vendeuse de quatre-saisons : fatiguée. Des mêches s’échappent de son chignon qui était pourtant bien tendu quand elle est partie ce matin en poussant sa charrette à bras. En sabots.
Réparateur de bicyclette : excité. Sa casquette pied de poule maculée de graisse de chaîne est largement relevée sur son front. Chaussures sport aux pieds, laissées en paiement de réparation d’un vélo de course.
Amoureuse du docteur : rêveuse. Elle porte un châle sur la tête, sans doute pour faire croire à une santé fragile et justifier de fréquentes visites médicales. En pantoufles.
Contrôleur du bus douze : blasé. Sa casquette, réglementaire, est enfoncée sur son front, posture typique du retour du bus au dépôt. En souliers vernis mais couverts de poussière.
Gérante du magasin L’Epargne : affectant une extrême coquetterie. Toute sa chevelure est prise part des bigoudis. En pantoufles aiguilles.
Contremaître de l’usine Amouroux : affable. Début de calvitie. Ses savates portent sur les bords des traces de terre et dégagent une odeur mêlée de fumier de porc fraîchement épandu et de menthe fraîche dont une tige est restée coincée dans un lacet.
Pâtissière spécialiste du Saint-Honoré : fière. Sa mise en plis n’a pas bougé depuis le début d’après-midi, sans doute en raison d’un port de tête irréprochablement droit. Charentaises élégantes, au point qu’elles pourraient être prises pour des souliers à talon plat.
Professeur de mathématiques dit Le monstre : en colère. Sa calvitie est avancée mais comme il ne se fait plus couper les mêches de pourtour, celles-ci ont pris la forme de flammes blanches hérissées. Souliers fendus exhalant une odeur aigre.
Patronne du café du faubourg : attentive. Sa coiffure est étonamment courte pour l’époque. Souliers d’homme.
On les voit bien sortir tous ces clients du bar, on voit leurs pieds.