Elle voit les quatre flammes osciller au-dessus des quatre bougies rouges plantées dans la couronne d’Avent. Des branches de sapin, des pommes de pins, des rubans rouges, des senteurs de cannelle et de badiane, de forêt et de mousse. Elle voit les petites lueurs s’étirer, plier, sautiller dans l’air ambiant, des messagers de Noël
Elle voit les feuilles des arbres tomber dans l’allée, rouge, jaune, orange, couvrir le sol, créer un tapis de couleurs, un feu de joie, un dernier éclat, elle voit les enfants traîner les pieds en bruissant, un dernier salut de l’automne avant le sommeil de l’hiver
Elle voit le soleil qui se couche, reflétant une immensité couleur feu dans la rangée de vitres de l’hôpital tout proche
Elle voit les décorations lumineuses dans la rue, les guirlandes étincelantes, les étoiles argentées, les lianes scintillantes en toiles d’araignée, en dôme recouvrant la rue, un festin de lumière, elle se dit que ça doit coûter cher, toutes ces boules dorées, toutes ces ficelles brillantes, mais que c’est très beau, que ça rend joyeux et que Noël n’est pas loin
Elle avance vers la fontaine, elle regarde cette magnifique fontaine qu’elle aime, dont le jet puissant touche les étoiles, une flèche haute comme un grand sapin, une éruption éclairée de mille feux qui éclabousse les passants de diamants et de perles, un feu d’artifice qui ruisselle dans le velours du soir
Elle voit, juste à côté, dans l’ombre de la nuit, la statue du soldat de la deuxième guerre, martiale, casquée, portant fusil, en uniforme grise, une silhouette brutale dont le casque reflète une lumière dorée
Elle voit dans le ciel bleu nuit la lune qui se lève, une lune ronde pleine transparente laiteuse, une lune qui court à travers des filaments de nuages, et qui finit par se faire avaler par de gros coussins ouatés