#histoire #08 | elles sont de retour

La chouette est de retour. Elle est tapie quelque part dans les grands arbres du jardin, son cri seul la trahit. La femme a traversé la maison, elle se trouve maintenant au milieu du jardin qui change tous ses repères dans son habit de nuit, la haie beaucoup plus dense comme un trou noir, les arbres beaucoup plus hauts noyés dans la toile du ciel, la terre gorgée d’humidité qui sème des embuches invisibles. Peut-être l’observe-t-elle depuis son perchoir, surprise de son retour, se disant la voilà, je ne l’avais pas vue depuis longtemps pointant son doigt sur moi. La femme avance avec lenteur, les yeux levés pour saisir le vol de l’oiseau de nuit en chasse, percer quelque chose du mystère de ce qui s’agite en fond au crépuscule. Et si elle n’était jamais partie ? Et si l’absence de bruit, l’absence d’image n’était qu’un leurre ? La chouette attentive enfouie dans le cercle de réalité que découpe le tronc du conifère garde par intermittence son regard sur la femme revenue le soir dans ce coin de jardin pour participer malgré elle au ballet nocturne. Que cherche-t-elle vraiment ? Pourquoi revient-elle ? Dans quelle réalité se cache celle qu’une nuit on ne voit plus ? Alors dans la douceur d’une soirée d’automne, quand le cri de la chouette résonne à nouveau, on se dit que le temps dans un bond l’a ramenée, mais dans cet intervalle il y a quoi ?

A propos de Olivia Scélo

Enseignante. Bordeaux. À la recherche d'une gymnastique régulière d'écriture.

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