A propos de Camille Bréchaire

Camille Bréchaire vit et enseigne la littérature à Angoulême. Il lit et écrit dès qu’il le peut.

#anthologie #34 | Point de suture

Voulant aimer encore j’ai pris mon frère par le bras je n’ai pas cherché à réfléchir aux conséquences on s’est retrouvés sur le bord de la route et on a marché comme ça peut-être deux ou trois kilomètres sur le bas-côté pendant que je réfléchissais à ce qu’on allait bien pouvoir faire après.Point de suture. Non je ne me souviens Continuer la lecture#anthologie #34 | Point de suture

#anthologie #33 | Rien le paysage intact et du délire

La lumière est une ligne qui traversent les maisons, un oiseau dans un corps de femme. L’humidité partout, sans référence, les ailes pliées, ici, parmi les formes dépecées, avalées la paroi des murs, une somme, nous avançons, de nuit en nuit un texte qui bruisse, nos souffles au fond ont basculé. Les cimes calcinées de la matière, le paysage un Continuer la lecture#anthologie #33 | Rien le paysage intact et du délire

#anthologie #32 | Entre les murs

La tige d’un jonc est droite et flexible. Elle s’arrache d’un coup sec. Le sol de la maison est constellé de fissures. Les rhizomes traçants ont permis aux bambous d’envahir la cour. C’est peut-être pour ça qu’elle tient encore debout. La porte est recouverte de condensation. L’hiver il faut mettre une guenille sur le carrelage et colmater les fenêtres. C’est Continuer la lecture#anthologie #32 | Entre les murs

#anthologie #31 | Les pieds devant

Avant de mourir, il aurait fallu se dire une dernière fois les choses, c’est ça qu’il aurait fallu faire, ne rien attendre de l’avenir puisque qu’on n’avait plus le temps de se raconter des histoires, alors j’ai dit à ton père que je voulais mourir, qu’il ne fallait pas compter sur moi pour vivre avec elle, enfin plutôt crever, oui Continuer la lecture#anthologie #31 | Les pieds devant

#anthologie #29 | Les portes closes

Sur la porte dont je devinais la présence plutôt que je ne la percevais, tant le noir était devenu dense dans la chambre, une goutte, une simple et dérisoire petite goutte d’eau perlait. Je n’avais jamais remarqué cette porte auparavant. La veille, il y avait le mur à la place. Avant d’entrer chez nous je pose toujours mon oreille sur Continuer la lecture#anthologie #29 | Les portes closes

#anthologie #28 | Les sources

Nous vivions dans ton monde, dans tes tristesses, avec les piles d’assiettes entassées dans l’évier. La puanteur qui en résultait. Les mouches. La moisissure. Tes sommeils interminables. Parfois tout le jour. Et les nuits de solitude aussi, d’angoisse, passées à t’attendre, calfeutré sous une couverture, près de la grande affiche aux monstres – les marionnettes de Dominique Houdart – qu’il Continuer la lecture#anthologie #28 | Les sources

#anthologie #27 | Trois images de la vie d’une femme

Oublié au fond de la mémoire, au fond du tiroir familial, ton vieil album photos est figé dans l’ailleurs. Il attend qu’on vienne te chercher. Qu’on déchiffre le nom des rues, les lieux effacés pour ne pas qu’on t’oublie. Il sera là jusqu’à ta disparition. Il est une image de toi qui attend, inchangée, qu’on te reconnaisse. https://www.tierslivre.net/ateliers/anthologie-12-les-laisses-pour-compte/ Il faudrait Continuer la lecture#anthologie #27 | Trois images de la vie d’une femme

#anthologie #26 | La pluie et la fureur

Il y a du bruit partout dans la maison, dehors c’est la tempête, dehors les cris de la pluie continuent d’hurler contre les tuiles. D’en bas, elle perçoit le clapotis des gouttes qui envahissent le grenier. Elle n’a pas la force de monter. Elle n’a plus la force depuis longtemps déjà. Le craquement du plancher. Juste avant le bruit des Continuer la lecture#anthologie #26 | La pluie et la fureur

#anthologie #25 | L’odeur de mort est couleur de bleu

Par quel processus le cerveau d’un individu peut-il tenir éloigné de lui la perception d’un cadavre, et surtout son odeur ? Comment peut-il mettre tant de temps à identifier l’insoutenable univers olfactif qui gît devant lui ? Combien de temps un fils peut-il cesser de respirer devant le corps de sa mère allongée sur son lit, les pieds dans l’eau, Continuer la lecture#anthologie #25 | L’odeur de mort est couleur de bleu

#anthologie #24 | Une femme qui dort

Dès qu’elle ferme les yeux, l’aventure du sommeil commence. Elle sent la peau de sa peau se flétrir, gagner en épaisseur, et son corps, tout comme ses organes, ayant en quelque sorte renoncé à la légèreté, tombent dans une sorte de vide. C’est un instant inhabituel. Tout se déploie en elle, sans doute, et pourtant elle est comme extérieure à Continuer la lecture#anthologie #24 | Une femme qui dort