A propos de Geneviève Flaven

Je suis née à Paris en 1969. En 2001 à Nice, j’ai fondé une agence de conseil en design puis suis partie à Shanghai pour développer mes activités. Le départ en Chine m’a mené vers l’écriture et la publication. Depuis mon retour en France en 2019, je me consacre à la création et à l’animation de projets collaboratifs de théâtre documentaire en France et dans le monde. Théâtre : The 99 project (http://www.the99project.net/ ) Blog de mes années chinoises : Shanghai confidential (https://shanghaiconfidential.wordpress.com/)

#rectoverso #14 | Les Rayonnants et autres archives

1. RECTO 1.1. Période : 1820-1831 Figures majeures de la période Major Antoine (1790-1858) : officier polonais, participa à la bataille de Raszyn, exilé après l’insurrection de Novembre. Adam Mickiewicz (1798-1855) : poète romantique polonais, auteur de Grażyna et Les Aïeux. Tomasz Zan (1796-1855) : fondateur de la Société des Rayonnants et plus tard des Philarètes, intellectuel et poète. Tadeusz Continuer la lecture #rectoverso #14 | Les Rayonnants et autres archives

#rectoverso #15 | Elucider

  1. J’en ai marre des listes. J’ai l’impression que ça ne mène nulle part.
  2. Je me souviens de ce jeu inventé, par je ne sais qui (un plasticien célèbre) où il fallait choisir entre deux options, à l’infini.
  3. Êtes-vous plutôt ceci ou cela ? Comme ci ou comme ça ? Préférez-vous ceci ou cela ?
  4. Je n’aime pas choisir. Je n’aime pas avoir à choisir.
  5. Aimez-vous avoir le choix, ou non ?
  6. Non.
  7. Pourtant, j’ai aimé les listes. Sei Shonagon, évidemment. Et puis un certain Mabille, que j’avais rencontré chez Heusbourg, dans sa galerie à Nice.
  8. Il était marrant, ce Mabille. Et son livre, c’était quoi déjà ? Je cherche sur internet : C’est cadeau (2018).
  9. Peut-on faire la liste de ce que l’on offre ? Comment organiser l’inventaire du désordre de nos objets, de nos organes, de nos émotions ? Arranger alphabétiquement le chaos du monde, comme une façon de trier sans rien jeter. Excéder les limites en mettant l’infini de l’accumulation en marche. C’est le paradoxe des listes alphabétiques : elles créent des hasards, rapprochant des choses éloignées dans l’espace et dans l’esprit, simplement parce qu’elles partagent une lettre.
  10. Il y a certaines petites choses,
    certaines
    petites choses,
    certaines
    petites
    choses
    dont j’aimerais vous parler.
  11. Qu’est-ce qu’il devient, Heusbourg ? Cela fait longtemps que je ne l’ai pas vu. La dernière fois que je suis passé avenue Pauliani, la galerie était pleine de cartons, mais il n’y avait pas un chat.
  12. Heusbourg avait deux chats. L’un est mort.
  13. La proposition 15 me va mieux que la 14. La proposition14 m’épuise. Je n’ai pas fini mais je vais y arriver. On finit ce qu’on a commencé.
  14. Mais pour finir, il faut savoir ce qu’on veut en faire. Que vais-je faire de l’archéologie de mes textes de cet été ? C’est du moins ainsi que j’ai compris proposition 14.
  15. J’ai exploré le côté polonais. Le côté socialiste. Le côté chinois. Le côté climatique. Le côté chamanique. Le coté mycètes.
  16. Tout cela est à moi ; plus exactement, tous ces côtés affleurent au travers de mes textes.
  17. Tout cela m’échappe et me dépasse, bien évidemment.
  18. L’autre chose que. L’autre petite chose que j’aimerais dire c’est
  19. Quoi ?
  20. Que je suis fatiguée de ce récit maternel qui n’en finit pas de pousser mais n’advient pas.
  21. J’ai réfléchi à la cause de cette fatigue. Ce récit m’enferme dans un rôle qui m’a fait souffrir.Être la fille de ma mère. Être la mère de ma mère.
  22. J’y reviens malgré tout parce que parvenir à raconter cette histoire me donnerait l’impression que j’en ai fait quelque chose. Que ce n’est pas un poids mort dans mon existence, une tache indélébile, un échec irrattrapable.
  23. Il parait que les femmes ne se lassent jamais de parler des mères qu’elles ont, qu’elles sont, qu’elles auraient aimé avoir, qu’elles seront peut-être, qu’elles ne seront jamais…
  24. Malédiction.
  25. Je voudrais que le récit donne voix à mon expérience, mais je ne sais pas si mon expérience, ni même le récit que j’en ferai, aurait un effet quelconque.
  26. Cet été, j’ai lu un bouquin sur les relations mères-filles. La théorie est assez convaincante, mais les exemples tirés de la littérature qui servent à illustrer les concepts étaient en général médiocres, car trop datés, à part celui de la pianiste de Jelinek.
  27. Bovary et Berthe, Lolita et sa mère. Ce sont des chefs-d’œuvre, mais pas pour la relation mère-fille.
  28. Comment s’appelait la mère de Lolita ?
  29. Charlotte est la mère de Lolita.
  30. Il parait que les femmes aimeraient aussi s’expliquer, ou mieux comprendre la nature des rapports difficiles qu’elles entretiennent avec la fonction maternelle.
  31. Ce récit maternel me fait souffrir quand je l’écris. Autant que m’a fait souffrir la vie avec ma mère. C’est même pire quand je le revis.
  32. Je ne parviens pas à trouver la juste distance.
  33. A saisir mon objet.
  34. C’est peut-être pour cela qu’il n’y a finalement pas beaucoup de romans sur la relation mères-filles.
  35. On ne sort pas du documentaire.
  36. Trente-six ans, c’est l’âge auquel ma mère a commencé à boire.
  37. Pendant longtemps, je me suis dit : si j’atteins trente-six ans sans devenir alcoolique, alors je ne le serai jamais.
  38. J’ai dépassé l’âge fatidique des trente-six ans et je ne suis pas devenue alcoolique.
  39. Je n’ai aucun mérite particulier à n’être pas devenue alcoolique, car je n’avais aucune raison de le devenir.
  40. Ma mère avait ses raisons mais je ne les connais pas. Cette énigme, je cherche à la résoudre.
  41. Je fais le pari que la littérature me donnera des réponses.
  42. C’est idiot de ma part mais j’ai cette foi dans la littérature.
  43. Souvent, j’ai comprend les ressorts cachés des situations que parce que je les écris ou parce que je l’ai lu quelque part.
  44. Ecrire, c’est élucider.

#rectoverso #13 | Bredouiller la couleur

Bredouiller la couleur (Comptine de Kaspar) J’ai vu le lac étal sous le ciel mat et mes doigts glacés. Tout cela, même couleur. Glacier tombe car brouillard donne J’ai vu les crêtes des montagnes, l’ombre d’un catafalque et les lèvres des morts. Granit boit mais charbon souffle Tout cela, même couleur. Cascade joue ni cendre coupe Couleur des choses, qui Continuer la lecture #rectoverso #13 | Bredouiller la couleur

#rectoverso #12 | Vénus

C’est elle ! C’est une femme nue. Une très belle femme, jeune, blonde — du fameux blond vénitien — à la chair lisse et lumineuse. Dans sa main droite, elle tient un bouquet : difficile à identifier… Des fleurs ? Peut-être… Mais elles semblent sèches, presque comme des feuilles fanées. Elle est allongée sur deux matelas rouges, recouverte d’un drap Continuer la lecture #rectoverso #12 | Vénus

#rectoverso #11 | 162 choses et des brouettes

recto : Choses qui… Choses qui font douter Regarder le sommet d’une montagne sans pouvoir le nommer. Regarder le sommet d’une montagne sans pouvoir le nommer alors qu’on est certain de l’avoir gravi par une autre face et que cet vue nous serait à coup sûr familière. Regarder le sommet d’une montagne sans pouvoir le nommer  et ne pas se Continuer la lecture #rectoverso #11 | 162 choses et des brouettes

#rectoverso #10 | Qui a peint le Mounier ?

Le plateau s’élargit après la montée. C’est le replat du Lagarot. Une doline verte, mouillée en son fond, tapissée d’herbe tendre, semée de quelques mélèzes. Ce n’est pas un paysage spectaculaire, mais un jardin alpin caché et traversé de lumière, un petit miracle d’équilibre. Et pourtant, en contrebas, le village de Douans, bien réel, reste invisible. Noyé sous les arbres, Continuer la lecture #rectoverso #10 | Qui a peint le Mounier ?

#rectoverso #09 | /// Adresses. Trois. Mots

voir aussi le site d’adressage = > https://what3words.com Triade 1 /// Polaire. Avoine. Bureau Polaire Objet sans gloire. Rose — ce qui, pour un vêtement technique, relève déjà du manifeste involontaire. Achetée en solde, chez Décathlon, temple du vêtement sans prestige. Vingt ans qu’elle me suit. À ce stade, on ne parle plus de vêtement. Elle a tout vu. Les Continuer la lecture #rectoverso #09 | /// Adresses. Trois. Mots

#rectoverso #08 | Les 2 G

G  comme Géraldine Je devais avoir six ans quand j’ai rencontré Géraldine dans une salle de classe à l’école Ferdinand Buisson, rue du Point-du-Jour, à Boulogne. C’était ma première année de « grande école », comme on disait. À vingt jours près, nous étions nées ensemble, en décembre. Géraldine avait des boucles châtain clair, toutes légères, qui retombaient autour de Continuer la lecture #rectoverso #08 | Les 2 G

#rectoverso #07 | Tumeurs

Recto  Le fait que nous sommes le 29 décembre. Le fait que j’ai trop bu hier soir — vin blanc, sûrement, ou peut-être le pétillant que Fred a rapporté. Le fait que je lui ai dit qu’il pouvait rester. Le fait que nous avons couché ensemble. Le fait que j’ai dormi dans le salon ensuite et que je lui ai Continuer la lecture #rectoverso #07 | Tumeurs

#rectoverso #06 | Cow Girl

Recto : Je m’appelle Magali. J’ai 23 ans. Je vis ici depuis un an et demi. Avant, j’étais à Paris. J’en ai eu assez. Trop de monde, trop de bruit, trop de métro. J’avais besoin d’air. De nature. De chevaux. Les chevaux, je les connais depuis longtemps. C’est mon truc. J’ai toujours aimé ça. Petite, on m’a offert un livre Continuer la lecture #rectoverso #06 | Cow Girl