Au bord de l’épuisement et de l’inanition, nous marchâmes de plus en plus difficilement, nous trébuchâmes sur des racines, les pieds lourds, le souffle court. La nuit fut définitivement tombée. La forêt autour de nous s’exprimait encraquements, bruissements, grondements, murmures, swich… Chacun de nos pas semblait éveiller quelque chose derrière nous. Nous n’osâmes plus parler, nous fûmes qu’à l’écoute. Soudain un feulement bref, un claquement sec…
— Tu as entendu ? cette question nous échappa au même instant et en sourdine.
Nous nous arrêtâmes, tendus dans l’obscurité, les yeux aux aguets, les oreilles écarquillées, sueurs moites, mains froides, souffle coincé sous les bras : confusion totale. Toujours synchro, et sans battue, comme pour marquer notre territoire, faire peur aux intrus, ou nous rassurer, nous poussâmes un cri terrible, sauvage, strident, avant de nous affaler. Nous nous enlaçâmes, nous nous embrassâmes, nous nous serrâmes fort, nous criâmes une dernière fois et bonne nuit. Nous nous endormîmes profondément, repoussant notre peur dans nos rêves. Nous nous réveillâmes de bonne heure, dans les temps pour prendre le premier train. Retrouverons-nous facilement le chemin parcouru hier dans l’angoisse et l’obscurité ? Inquiète, je me tournai vers toi, tu me souris, m’embrassas, me pris la main et nous marchâmes d’un bon pas, confiants et heureux.
C’est marrant comment ce thème du rêve amène des images similaires à chacun de nos 11 et 11 bis. Rêve et réalité se mélangent, confondent. Je t’embrasse Cécile, à bientôt.