A deux pas du lycée on descendait la rue
et de cette bifurcation entrer dans le vert
Entre deux cours, comme un refuge d’allées circulaires
Odeurs molles et humides de terre fraîche et de feuillage,
de chewing-gum du copain, de cuir et de déodorant
estompés en pleine nature urbaine : le parc
et son amphi de plein air
à l’identique ou presque de celui du prof de français
petit succès d’estime la pièce d’Anouilh
pour l’avoir étudiée l’année d’avant
Je suis chœur antique dans cet arc
de cercle contemporain
et je préviens de leur arrivée :
les Érinyes
invisibles dans l’air ambiant des blagues potaches
et des humours douteux de quinze ans
tiers-temps de sieste
pour étancher notre soif de flemme
nos épaulés amis ces temps d’entraide
dépliée de consolations et d’amitié
amphi-théâtre de nos amours
de nos désirs adolescents et de ruptures
au jeu de qui sort avec qui
je regarde les autres s’embrasser
et plus tard nos révisions du bac
sinus-cosinus avant de prendre la tangente
180° de possibilités futures
tu fais quoi l’an prochain dans deux dans dix ans
est-ce qu’on se connaîtra encore
est-ce qu’on se fraiera encore un chemin
dans nos vies comme entre les haies du parc
et qu’est devenu notre amphi ?