Du bas de la route, la colline
qui dévale le jardin avec ses coquelicots
et le chien qui aboie
et elle qui agite la main
le tablier enlevé pour mieux présenter
et lui moustache peignée et cuillère en bois
le bouchon du Morgon qui attend sagement
que la comtoise sonne ses douze coups
puis un pour rappeler l’heure
une grande table en bois trop lourd
et sur la table une nappe au crochet
et sur la nappe au crochet une nappe en toile cirée
et sur la nappe en toile cirée des serviettes
roulées en cygnes
avec des traces de mousse au chocolat
le poulet
immuable
la sauce au cidre qui scintille
immuable
le paysage
immuable
une grande route scindée en deux, une maison abandonnée
dont même les fantômes ne bougent pas
et la rivière que les saumons remontent
pour rentrer à la maison
et la pluie
si il ne pleut pas
c’est qu’il vient de pleuvoir
ou qu’il va pleuvoir
le voisin, lui par contre, a encore changé de femme !
les messes basses à la menthe
immuables
et la sieste, éternelle
sous l’âtre de la cheminée, le renard - empaillé
Ysengrin - Ysengrin, c’est le loup !
Goupil, le renard
remplaçant le vieux chat mort
seuls les photos derrière la grande table changent
au gré des membres qui entrent dans la famille
et qui en sortent.
Ça donne envie de s’asseoir à la grande table trop lourde, de déplier sa serviette, de déguster un immuable, merci pour ces envies