#boost #12 / Le repas du dimanche

Du bas de la route, la colline 
qui dévale le jardin avec ses coquelicots
et le chien qui aboie

et elle qui agite la main
le tablier enlevé pour mieux présenter
et lui moustache peignée et cuillère en bois

le bouchon du Morgon qui attend sagement
que la comtoise sonne ses douze coups
puis un pour rappeler l’heure

une grande table en bois trop lourd
et sur la table une nappe au crochet
et sur la nappe au crochet une nappe en toile cirée
et sur la nappe en toile cirée des serviettes

roulées en cygnes
avec des traces de mousse au chocolat

le poulet
immuable
la sauce au cidre qui scintille
immuable
le paysage
immuable

une grande route scindée en deux, une maison abandonnée
dont même les fantômes ne bougent pas
et la rivière que les saumons remontent
pour rentrer à la maison
et la pluie

si il ne pleut pas
c’est qu’il vient de pleuvoir
ou qu’il va pleuvoir

le voisin, lui par contre, a encore changé de femme !
les messes basses à la menthe
immuables

et la sieste, éternelle
sous l’âtre de la cheminée, le renard - empaillé
Ysengrin - Ysengrin, c’est le loup !
Goupil, le renard
remplaçant le vieux chat mort

seuls les photos derrière la grande table changent
au gré des membres qui entrent dans la famille
et qui en sortent.

A propos de Léa Yasmine Djenadi

Psychologue. Métisse. J'aime aussi lire dans des langues que je ne parle pas. En création d'une newsletter... (comme tout le monde, non ?)

Une réponse à “#boost #12 / Le repas du dimanche”

  1. Ça donne envie de s’asseoir à la grande table trop lourde, de déplier sa serviette, de déguster un immuable, merci pour ces envies