A propos de Lyd

Slavophile, psychologue, journaliste. Métisse. Des cafés de toutes les manières. J'aime aussi lire dans des langues que je ne parle pas. La poésie la nuit, la littérature au café, les nouvelles dans le train.

#P6 | Plus personne

On m’a offert il y a deux ans un carnet. Un journal. Pour « faire de sa vie un roman. » « Parce que tu aimes écrire! » Est-ce qu’on offre des peintures à lettres aux gens qui aiment peindre ? Et des boîtes de capotes à ceux qui aiment baiser ? J’ai dit merci, je crois. Tous les jours une question était posée. Continuer la lecture#P6 | Plus personne

#P6 | Livre des jours.

Aujourd’hui. Deux ouvriers sont assis sur une montagne de gravats. Il y en a un qui fume une cigarette. L’autre regarde les gens – les femmes, peut-être. Avant, c’était un bâtiment. Maintenant, c’est de la poussière. Demain ce sera peut-être de nouveau un bâtiment, avec des enfants qui crient et des vieux qui s’ennuient. Tout ça grâce à leurs mains. Continuer la lecture#P6 | Livre des jours.

#P5 | Rien autour du bruit

Rien autour du bruit, des cuillères, des tasses & des tables Suspendue à cette vie Présence qui érafle Corps entravé. Paupières scellées. Présence imprégnée dans la peau Qu’on peut pas retirer A moins de griffer avec les dents jusqu’à découvrir la chair Regarder là-bas là où c’est l’autre monde le silence le silence sans bruit et sans absence de bruit Continuer la lecture#P5 | Rien autour du bruit

#L5 | Les pays qui n’existent pas

« Il est des femmes qui naissent dans des pays qui n’existent pas. Langue absente, images défaillantes. » Le trou de la serrure, Branko Radicevic. A la descente du train, elle marche tête baissée pour longer le quai. Elle évite les fenêtres. Les fenêtres, les vitres, les miroirs. Tout ce qui donne à voir son reflet. Blanche, tel un spectre. Et la Continuer la lecture#L5 | Les pays qui n’existent pas

#P4 | Tu me soûles.

Si vous cherchez dans le Larousse le verbe « soûler », on vous référera à la proposition « ivre ». Pourtant les deux termes, bien qu’associés à la boisson, n’évoque pas la même réalité dans leur mise en expression. C’est qu’on aime ce qui nous enivre – les rencontres, les rêves, les soirs d’été en bord de mer… On se sent léger, on a Continuer la lecture#P4 | Tu me soûles.

#L4 | En solitude, la Nuit.

Comme les hommes, il y a les livres d’une vie et il y a les livres d’une nuit. De ces nuits de solitude, où une urgence nous grimpe à l’estomac et où le terrible écoeurement du siècle nous étouffe. Aucune présence autre que celle de cet auteur lointain ne pourrait rendre le ventre chaud. Souvent, la nuit je ne dors Continuer la lecture#L4 | En solitude, la Nuit.

#L3 Dans quelle langue, la ville

Pa… šta dođavola ona radi ovde? Pa sad imamo turiste, hum? Ne trebaju nam turisti. I pada jebeni sneg, šta dođavola ona radi pod snegom, čeka glupo? Pa … to nije moj problem. Hajde, hajde. Nije moj problem, devojčice. Gde je moj čaj? Već je hladno … Moram da kupim novi čajnik. Mačka opet mijauče … Hajde… Dolazim, dolazim … Continuer la lecture#L3 Dans quelle langue, la ville

Les bougies

Une bougie artisanale sur la table, un souvenir de pépé, ne pas oublier de la souffler, un jour le voisin s’est endormi, les rideaux ont pris feu, l’appartement, l’immeuble, le froid dans la rue, le froid à Belgrade, les églises orthodoxes, pose un cierge pour mon père, mais je ne suis pas orthodoxe, alors il faut l’allumer sur les autres Continuer la lectureLes bougies

La ville de craie

Il y a un silence lourd. Epais. On pourrait presque le toucher. Les quelques voyageurs sont montés rapidement dans des voitures – taxi, amis, familles. Peu importe. Rentrer vite. Il n’y a que la fille qui attend là, un peu paumée, avec son sac à dos trop gros pour elle. Il n’y a pas si longtemps que les perquisitions sont Continuer la lectureLa ville de craie