C’est allongée sur son lit qu’elle repose. Ses bras ont roulé de chaque côté du buste, le dos de ses mains pèse et les paumes s’ouvrent vers le plafond. Elle ferme les yeux sur l’imparfaite obscurité, la lumière de la ville se glisse entre les lames mal jointées du store. Une voix lui parvient, il existe un profond noir de nuit au-delà de ta chambre, tu gardes tes mains ouvertes comme des coupes, et tu attends. Elle ne sait s’il s’agit d’une mystérieuse révélation ou d’une de ces injonctions qui l’aident à surmonter la peur du noir. Tu attends et tu vois les sillons du creux de tes paumes, lignes de vie et lignes de coeur, comme des chemins muets sous le ciel détaché du jour. L’arrière de son corps s’enfonce dans le matelas, son souffle devient de plus en plus léger, son ventre clapote comme l’eau atteignant le rivage. La voix troublée par le bruit d’eau un instant hésite, tu attends et le noir profond de nuit efface les sillons de tes mains, ton avenir n’est plus inscrit nulle part, tout peut se finir ou recommencer. Tu ne bouges pas. Sur la surface douce et lisse de ta main, la caresse d’une joue d’enfant.