à Belleville à l’angle de la rue Tourtille 20ème
Un bar un ancien PMU nommé le Relais
depuis des années presque tous les matins c’est
toi
qui nous accueille sauf les lundis et les mardis
toi
qui nous regardes nous écoutes nous trouves reposés
toi
huit heures tu lèves rideau de fer bruit métallique
tu balayes trottoir tu asperges seuil terrasse
tu sors tables bancs chaises cendriers ton sourire
Jaky Abla Pierrot et Michel sont déjà
là
pas ailleurs
là
enracinés
là
à ce coin de rue
là
à ce rocher iodé
là
impatients que tu balayes aussi leurs cauchemars
leurs nuits agitées solitaires effrayantes dé
sespérantes
naufrage perpétuel, engloutissement, ruine, dé
sastre
tu connais nos radotages notre humour nos maux
tu nous vois venir de loin pas dupe néanmoins.
et comme si c’était la première fois en choeur on
rejoue trois répliques fatidiques qu’on sait par coeur
– on fait un crème ?
– comme d’hab’
– c’est parti !
à Belleville à l’angle de la rue Tourtille 20ème
un bar un ancien PMU nommé le Relais
une serveuse qui nous connaît qu’on appelle Véro
J’adore Cécile, j’ai tout vu, tout senti, tout entendu et je t’ai même imaginé dedans. A toi Belleville à moi la Musette, un jour dans nos cafés, je t’embrasse.