C’est l’histoire d’une maison et des voix qui la traversent, de celles auxquelles on ne prête pas vraiment attention. La maison ne sera jamais saisie de l’intérieur, les voix qui peuplent le jardin seront sa caisse de résonance. Du dehors, elle prendra forme et consistance ; du dehors elle sera habitée. Il faudra apprendre à écouter et donc apprendre à se taire pour entendre ce qui parfois ne fait que murmurer. Il faudra aussi apprendre à voir et à s’effacer pour laisser au premier plan ce qui pourrait paraître un simple décor. Alors, dans ce dépli, la vie intérieure prendra sa mesure sur le monde du dehors.
Voix de la chouette qui ulule le soir dans le grand conifère
Voix du tilleul qui abrite les geais, les mésanges et les merles
Voix de l’érable parasol qui apporte ombre au jardin l’été
Voix de l’écureuil en bronze près du massif de lauriers
Voix du vieillard en pierre perdu dans la mousse contre le mur mitoyen
Voix de la jeune pousse de mimosa qui tente de refleurir au fond du jardin
Voix du citronnier qui voudrait être libéré des mouches blanches
Voix du tuyau d’arrosage condamné à l’enroulement
Voix du cognassier qui ploie sous des fruits trop lourds
Voix du figuier qui regrette de grandir trop à l’ombre
Voix de la vigne échappée de sa treille qui grimpe vers le toit
Voix des transats heureux dans la flaque de soleil
Voix du chat qui traverse ventre à terre d’une haie à l’autre
Voix de la souris qui voudrait se frayer un chemin jusqu’à la cuisine
Voix des lézards qui se pourchassent dans une danse frénétique
Voix de l’enfant qui tape dans son ballon et casse une branche de rosier
Voix du père qui boit son café dans la lumière réconfortante du midi
Voix de la radio trop forte chez les voisins
Voix du livre abandonné ouvert et corné sur la pelouse
Voix de la guitare qui résonne bien au-delà de la maison
Voix du téléphone qui annonce le retard de l’enfant
Tellement beau. Tout parle à qui sait écouter. Les arbres, les êtres de bronze, de pierre ou de papier, l’enfant, le père, et jusqu’à la radio, au téléphone devenus personnes. J’aime la progression, sa liberté.
Merci Betty. Pas vraiment de classement dans ces voix, plutôt comme ça venait. Une piste qui s’ouvre pour moi avec cette première proposition du cycle.