Histoire d’un monde
au croisement de quatre voies de circulation : 1. la rue des aubiers, 2. la rue des cerises, 3. le passage des acacias, 4. le sentier des saules, un espace hésite entre place et placette : un monde
Histoire d’un temps qui se mesure à l’aune d’un espace qui rétrécit
dans ce monde tout ralentit comme les voitures après le grand virage
c’est un monde où les enfants n’en finissent pas de grandir millimètre par millimètre sans qu’on s’en aperçoive, où les genoux et les mentons s’écorchent à force d’avaler le bitume en porteurs, tricycles, rollers, vélos, puis soudain plus de collants troués, plus de pantalons rapiécés, plus de gravillons incrustés dans la chair, non, le monde se traverse en quelques enjambées, l’enfant grandi d’un coup remonte la rue des aubiers, tourne dans le grand virage et disparaît
Histoire d’une boîte aux lettres propice au voyage
on pourrait croire que tout est immobile ici, les maisons solidement arrimées au sol et c’est tant mieux quand le vent venant de l’ouest souffle en tempête, on pourrait croire que rien ne bouge mais non, s’il est un endroit de voyages ébouriffants c’est bien ici qu’il se trouve, à gauche des trois garages attribués aux trois maisons du bout du sentier des saules, là un bloc de boîtes aux lettres grises sur quatre colonnes de trois lignes, soit douze boîtes aux lettres en tout, a été planté en bordure de place/placette et dans la troisième boîte aux lettres de la deuxième rangée, des histoires vont et viennent : l’histoire de La princesse de Videssoules, de L’homme qui avait une montre à la place du cœur, l’histoire de L’écoute s’il pleut, de Mémed et les 40 menteurs, de L’enfant du toit du monde et tant d’autres car ici les histoires partent loin et reviennent dans un mouvement incessant et c’est pour cela que chaque jour la femme guette l’arrivée du facteur, blottie à l’angle des trois garages et du passage des acacias, et sitôt le facteur reparti sur son vélo, elle se précipite, son cœur s’accélère tandis qu’elle glisse la minuscule clé dans la porte de la boîte aux lettres pour découvrir ce que le facteur y a déposé, parfois de grandes enveloppes kraft, parfois une lettre, parfois rien
il n’y a qu’elle qui détient la clé de cette boîte aux lettres, elle seule sait qu’ouvrir cette porte grise c’est ouvrir une mutitude de portes donnant sur une infinité de mondes et de possibles dans la boite aux lettres, la troisième de la deuxième rangée, les voyages n’ont pas de fin
Histoire d’une adresse mouvante
Il faudrait savoir, ils ont acheté une maison située sur le plan : 3 sentier des saules et l’avis du bureau de poste leur signifie leur adresse postale : 3 passage des acacias ! Ils habitent où alors ?
Histoire de Pierrot
Petit garçon blond, tête ronde, front buté qui aime sillonner le sentier des saules sur son tricycle ou faire des tours de piste sur la place/placette, sa spécialité : disparaître et quand il disparaît tout le quartier est en émoi.
Donne envie de les lire ces trois histoires. La suite ?
Merci Louise pour le passage !
Pour l’instant j’essaie de rattraper mon retard. Pas simple !