Sur le chemin, on croise peu de monde, comme si la zone était dépeuplée d’humains. Quand même, cette femme qui avance d’un pas assuré, un gros chien au bout de la laisse (mais c’est l’animal qui promène sa maîtresse), téléphone vissé à l’oreille, blouson sombre, pantalon noir, bottes en simili cuir, cheveux coiffés en queue de cheval. Elle ne nous adresse pas un regard.
Il y a aussi le père et l’enfant marchant côté à côte, le regard absent du premier, ses mains enfoncés dans les poches d’un manteau rêche et raide, bleu marine. Le nez levé, les yeux fureteurs et curieux du fils qui nous observe sans matière ni fausse pudeur, ses doigts joueurs sur le tronc des arbres dans les gants en laine rouge. Deux chevelures rases, l’une châtain, l’autre blonde disparaissent au détour d’un buisson.
Il y a ensuite un vieil individu, visage parcheminé sous le bonnet noir, la démarche affirmée, grandes enjambées, rythmées par le balancier des bras, dos très droit, tout comme le regard, loin devant lui
Et puis ce jogger en legging bleu roi, polaire grise, le souffle court et le visage écarlate du coureur du dimanche, qui nous dépasse à petite vitesse. Il est glabre.
Plus loin, nous apercevons de loin deux hommes tout de kaki vêtus, leur fusil à la main, la gibecière sur le dos de l’un, avançant à travers les fourrés à petit pas. On voit bien qu’ils essaient de ne pas faire de bruit. L’un est coiffé d’un chapeau brun, l’autre pas et ses cheveux sont en bataille.
J’aime bien ce qui émane de « dos très droit, tout comme le regard, loin devant lui » et « L’un est coiffé d’un chapeau brun, l’autre pas ». Entre autres
En cheminant, on croise des histoires de vie, on écrit. Merci pour ces silhouettes
Merci Perle pour ce que ressens comme une sobriété… à suivre
Envie que ces silhouettes bien campées ressurgissent dans le récit