j’ai toujours aimé ce jeu d’imbrication du pourquoi, du pourquoi-cause et du parce-que-but (-finalité). en italien, c’est plus évident: demander et répondre, c’est toujours “perché”, et les deux forment un cercle.
ce jeu remonte à ma préhistoire; il appartient donc à l’archéologie de moi-même, à l’époque où je ne collectionnais pas encore mes documents écrits, de ma graphomanie. quitter la claustrophobie de la maison et sortir (suis-je pour autant un “outdoors person”?).
le café est à la fois un refuge où l’on peut passer inaperçu et un port. à la fois salle d’attente et observatoire. une prairie.
l’autre “perché”, celle qui me pousse à me lever tôt: c’est la peur qui me réveille, et c’est avec cette même peur que je m’endors. je brise le cycle (ou plutôt, le couronne, répète) en prenant un petit-déjeuner au café, comme un substitut à la maison et, pour le reste, comme un substitut à la famille réunie le matin.
le “perché” des choses c’est pas l’analyse rationnelle et cérébrale, la discussion intellectuelle, mais plutôt l’esprit d’observation. car le “perché” (de la recherche, mais aussi de l’écriture) est personnel. nous devons nous interroger, mais aussi nous demander si nous avons bien posé la question, si nous nous sommes bien interrogés. non pas pour trouver des réponses ou des explications, mais pour continuer à observer (mieux). et qu’en est-il du lieu, qu’est-ce qu’un « lieu » (pas, seulement, au sens philosophique)?
c’est la préservation d’un lieu et le subir, ou sa transformation et le choix d’un autre, par la force, la nécessité ou la possibilité, tant qu’ils sont encore à la mode (et ensuite les changer souvent). c’est toujours le matin: j’ai lu (je ne me souviens plus où) que le matin est le refuge, le salut des fous, avec leur conviction de pouvoir repartir de zéro – une conception du temps semblable à celle du patriarche Buendía.