Je reviens sur les lieux. Je me demande si c’est bien ici que je les ai vus. L’impression d’un rêve ou d’une apparition. Ici entre champs et vergers, ou le silence bruisse légèrement du vent du sud. L’air gris et encore tiède pour la saison est une promesse d’orage mais je reste ici, habituant mes yeux au gris, souhaitant le gris. J’attends au milieu de cet espace gris, dans le vent qui soulève la poussière, dans ce souffle ton sur ton. Je ne sais ce que j’attends, un miracle sans doute, une autre apparition. Dans un flottement éthéré de gris, j’attends la vision renouvelée de la meute qui me donnerait à penser qu’ils vivent toujours, que les plus jeunes ont grandi, que d’autres sont nés, que le vieux patriarche mène toujours son clan, qu’il a résisté. Le temps s’étire dans l’attente, suspendu à ce qui n’advient pas, ce qui se fait attendre. Le temps se frotte à l’air orageux, à mon regard qui perce l’anthracite gonflé dans les nuages, dont j’attends qu’il crève. Le temps comme une outre de promesses non tenues. Dans ce gris, le temps se grise lui-même, s’invisibilise, disparaît et je disparais avec lui.
Une réponse à “#histoire #08 | Temps gris”
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Belle variation de gris jusqu’à l’effacement