Voilà comme il est : tremblant parfois, lorsqu’une émotion trop vive l’étreint, marmonnant des mots compris de lui seul, hésitant sur ce qu’il doit dire ou taire, regardant le ciel pour trouver des réponses.
Non, voilà comme il est : se remémorant les vingt années depuis son départ, vingt ans de routes incertaines, revivant la sauvagerie de certains de ses actes, s’interrogeant sur ses choix inattendus, ses bifurcations, justifiant en son for intérieur la plupart de ses décisions. Avec honnêteté ou mauvaise foi accommodante.
Non, voilà comme il est : construisant à l’infini un immense puzzle fait de fragments d’âme, ajoutant, retranchant, réajustant des pensées, des souvenirs, des remémorations fermes ou fragiles – Existerait-il un ordre invisible.
Non, voilà comme il est : sillonnant des pays singuliers, recherchant des lieux étranges, des points de bascule où le réel semble décalé, endurant la peur, affrontant la violence parfois, subissant des chimères, risquant parfois sa vie mais sans héroïsme.
Non, voilà comme il est : cultivant rêves nocturnes et rêves éveillés, recherchant leurs traces et leurs sens dans la lumière du jour.
Non, voilà comme il est : empli de failles mais qui ne produisent que peu de tristesse, de mélancolie – révèlent-elles peut-être sa nostalgie cachée des paysages de ses origines.
Non, voilà comme il est : en tout pays tentant d’établir des contacts justes, mesurés entre des humains, des animaux et des paysages. Dérogeant rarement à cette attitude. L’harmonie du monde dépendrait-elle de ces fragiles équilibres.
Non, voilà comme il est : mutique ou enjoué, raisonneur ou bonimenteur, recherchant toujours le bleu d’éternité, ce bleu insaisissable flottant à l’horizon de ses pensées.
Non, voilà comme il est : souvent épuisé par ses errances à la tombée du jour, le dos courbé. Mais bondissant au matin, le dos bien droit, murmurant à qui peut ou veut l’entendre : repartir, entendre, voir, sentir sans fin.
Tu le vois, tu t’en fais une idée, mais en vérité tu ne le connais pas, personne ne le connait.
Merci pour cette poésie émotionnelle.
Merci Raymonde pour ton passage et ton sentiment