A propos de Huguette Albernhe

Plusieurs années dans l'enseignement et la recherche. Passion pour l'histoire de l'écriture, la littérature . Ai rejoint l'atelier de FB en juin 2018, je reste sur la barque. Je vis actuellement à Nice mais reste très attachée à ma région d'origine, l'Étang de Thau, Sète, Montpellier et les Cévennes.

#enfances #06 | le grain de leurs voix

Ma voix est faite de la voix de défunts aimés unis à jamais. Voix souvent évoquées mais réduites à ce seul mot. Tenter de les retrouver chacune dans leur singularité. Les entendre n’est pas donné sur le champ, les rechercher inlassablement, parcourir la jungle des sons, des timbres, des rythmes assemblés. Comment extraire de soi les voix familiales enfouies ? Continuer la lecture#enfances #06 | le grain de leurs voix

#enfances #05 | éclats d’enfance

Éclats d’enfance, tous en file d’attente prêts à surgir, pressés parfois, ils s’entrechoquent, quel désordre, pas de suite chronologique, les plus forts gagnent, certains sont timides, certains préfèrent rester dans l’ombre – saisir ce flux chaotique comme si un appareil enregistreur inversé remontait le temps et libérait à chaque clic un instantané un moment une image un son un parfum Continuer la lecture#enfances #05 | éclats d’enfance

#enfances #04 | la pince guillotine

Retourner à la maison, entourée de la chaleur des bras de son père de la douceur des mains de sa mère sur son visage, percevoir encore ce flot de sang couler de la bouche, du fond de la gorge en feu, voir briller la pince guillotine maniée par un homme masqué, subir le maintien en force de son corps d’enfant Continuer la lecture#enfances #04 | la pince guillotine

#enfances #03 | tombée à terre

Tombée à terre, la roue du vélo déviée par une pierre, le sang coulant sur sa jambe, à trois kilomètres de la maison. Tombée à terre. Personne ne sait où je suis. J’ai dépassé le territoire autorisé. Arrachant un bouquet d’herbes j’essuie le sang. Le soleil va descendre dans le ciel bleu me badigeonnant de teintes multicolores comme une grande Continuer la lecture#enfances #03 | tombée à terre

#enfances #2 | l’armoire à senteurs

La grand-mère fait les courses, le grand-père travaille dans les vignes, un espace de liberté s’ouvre pour emporter un tabouret de bois et le placer devant la Grande Armoire à senteurs, meuble central du vestibule de la maison vigneronne éclairé par un plafond vitré. Se hisser sur la pointe des pieds pour atteindre la clé plus large que la main, Continuer la lecture#enfances #2 | l’armoire à senteurs

#enfance #01 | Trois surgissants

Mademoiselle Ricin, propriétaire de l’immeuble à deux étages, de la rue de la Verrerie Haute à Montpellier, du vieil appartement du premier étage que ma famille occupait. Grand échalas au visage émacié qui me fait peur, inquisition d’un œil toujours aux aguets, sécheresse et stridence de la voix, coups de talons dans l’escalier de pierre, éviter alors de sortir, attendre Continuer la lecture#enfance #01 | Trois surgissants

#enfances #00 | main moite

Elle lâche la main de sa mère, court, saute sur un pied, frôle un vélo, un bus, la main en colère la reprend, la serre très fort, ça fait mal, l’étau se resserre peu à peu la pression augmente encore, elle pousse un cri, puis la main suppliciante se détend devant une vitrine de mode, ses doigts à elle engourdis Continuer la lecture#enfances #00 | main moite

#été2023 #04 | la voix

Les enfants devenus adultes vivent en bord de Méditerranée. Les parents sont morts. La fillette-femme et le garçonnet-homme traversent la France du sud au nord en TGV — 5 heures de voyage, juste le temps de lire de se souvenir. Tenir un serment. Revenir un jour dans cette ville du nord, revoir Valentine. Morte trois jours avant leur départ. Maintenir Continuer la lecture#été2023 #04 | la voix

#été2023 #03 | Valentine

Impossible d’oublier la voisine et sa soupe consolatrice. Du nom de Valentine comme je ne l’avais pas encore dit. Une femme généreuse. Elle l’avait bien montré ce soir d’hiver lugubre, ce soir de l’arrivée d’une famille du sud dans la ville du nord, dans le quartier ouvrier où il fallait vivre durant quelques mois. Très vite les enfants passaient d’une Continuer la lecture#été2023 #03 | Valentine

#été 2023 #02 | la soupe

Se souvenir des pavés humides luisants, de la rue au tracé rectiligne, de l’îlot compact de maisons ouvrières basses, en implantation homogène et continue, de la maçonnerie en brique, du mortier de jointoiement coloré essayant de rompre avec la grisaille générale. Voir la porte au numéro 3, l’ouvrir tout chargé du déracinement dans cette ville du Nord, de l’enfance perturbée, de tous Continuer la lecture#été 2023 #02 | la soupe