Les bonnes intentions
Codicile : La bonne intention a une vertu consolante. On n’a pas sauvé la planète, mais on y a pensé. On n’a pas couru le marathon, mais on a imaginé l’allure splendide qu’on aurait eue à l’arrivée. Au fond, la bonne intention est une sorte d’art appliqué… sans application, une manière d’être déjà un peu meilleur
L’histoire des bonnes intentions repeint la cage d’escalier, mais oublie le dernier étage, comme s’il n’existait pas
L’histoire des bonnes intentions, posant un bouquet sur la table, s’endort avant même de chercher un vase
L’histoire des bonnes intentions, papiers empilés, jamais classés, toujours remis à demain. Les piles, pourtant, finissent par former un meuble improvisé, un bureau de promesses en désordre
L’histoire des bonnes intentions, lançant une lettre de réconciliation sans timbre, laisse le pardon flotter dans l’oubli
L’histoire des bonnes intentions, redécouvrant un pot de moutarde de 1998, hésite, puis le repose avec respect
L’histoire des bonnes intentions promet de redresser l’étagère bancale, mais finit par s’habituer à ce qu’elle penche ; et l’œil, peu à peu, apprend lui aussi à pencher, comme par solidarité
L’histoire des bonnes intentions, après avoir nettoyé la vitre de gauche, oublie la droite, ou l’ignore
L’histoire des bonnes intentions prépare une soupe, l’oublie, puis la retrouve refroidie comme une lettre non lue
L’histoire des bonnes intentions, en collant une affiche “silence”, claque la porte juste après
L’histoire des bonnes intentions et la chaise vide laissée à table, pour quelqu’un qui ne reviendra pas. La chaise finit par être occupée par l’absence elle-même, devenue invitée régulière
L’histoire des bonnes intentions qui achètent des chaussures de marche, mais ne dépassent jamais la boulangerie
L’histoire des bonnes intentions étend un drap blanc sur le canapé, promesse d’une housse jamais choisie
L’histoire des bonnes intentions au carnet de dépenses commencé, disparu sans explication
L’histoire des bonnes intentions compose un numéro, espère qu’on ne décroche pas, puis raccroche à la première sonnerie
L’histoire des bonnes intentions, empilant les vêtements à donner dans une armoire plus grande que l’autre
C’est l’histoire des bonnes intentions qui installent une lampe de bureau et s’aperçoivent qu’il n’y a pas de prise à proximité
C’est l’histoire des bonnes intentions, elles marchent, panier à la main, chargées de projets doux et de listes colorée ; elles croisent les mauvaises intentions, qui traîne les pieds, sifflotant faux, un sourire un peu de travers
— Bonjour, nous allons réparer, ranger, écrire, commencer enfin.
— Parfait, laissez-nous faire, nous savons très bien comment retarder, déranger, raturer, finir plus tard. — Mais nous voulons bien faire !
— Justement, nous aussi, mais autrement : nous préférons les miettes aux festins, les prétextes aux promesses.
Alors les bonnes intentions, un peu hésitantes, s’assoient à côté, ouvrent leur panier, y découvrent déjà des miettes.
mm…ou pas. Mais je sais pas encore l’écrire. Ou alors juste en enlevant « bonne » ou « mauvaise », ça fait un peu deux meurtrières Nord/Sud sur un donjon, okazou des barbares attaqueraient. Pô mieux là tout de suite. Par contre Intention, miam.
Quelles promesses Raymonde, ces myriades d’intentions partant dans toutes les directions. Impatiente de connaître la suite.
J’ai ri doucement à toutes ces belles intentions. Impatiente de connaître leur développement.
Merci Louise vous l’aurez compris nous sommes entre fable et réalité
Merci Raymonde. Tellement réjouissant cet art appliqué. Au fondement de toutes les procrastinations.
Igor, merci de votre visite, oui rire et rire un peu de soi fait du bien
On dirait un poème.
Emmanuelle merci pour ce regard.
L’histoire est déjà commencé, c’est de la triche. Bravo.
C’est génial de tricher sans le savoir, merci Laurent