La concierge
Elle a un nom, Madame K. Elle est souvent dans les escaliers, un chiffon à la main. Elle frotte, elle lave, les marches, les couloirs, les rambardes, les poignées. Toujours prête à aider à monter une poussette ou à rattraper une canne qui tombe Elle n’est pas grande, mais robuste, pleine d’élan, elle aime que la maison soit propre, elle en est fière. Visage mince, sourire retenu, poli, elle a le comportement de sa fonction. Souvent en tablier, un foulard fleuri sur la tête qui cache alors ses cheveux brun foncé, une voix claire, un accent étranger, chantant, peut-être hongrois, elle ne raconte pas sa vie.
La dame du deuxième
C’est surtout un visage collé à la vitre derrière une fenêtre du deuxième étage. Très bien placée pour observer la rue, elle passe sa journée à guetter les entrées et sorties. Des frisottis autour de la tête, des lunettes cerclées métal qui scintillent sous des lumières, elle se penche et puis recule, désireuse de rester cachée alors que toute la maison connait son péché mignon.
La propriétaire
Madame B. habite au quatrième, elle domine. Elle est professeur d’histoire, sévère, mais juste, et crainte par tous les élèves. Corps massif, visage sans sourire, les yeux perçants, les cheveux blonds en permanente serrée, jupe noire stricte, chemisier blanc irréprochable, elle avance dans les couloirs comme un navire dans son sillage, impétueux, imperturbable, balançant à peine dans la descente des escaliers. Chaussures pratiques, talons à peine ébauchés, elle ne suit pas la mode et ne risque pas de glisser. Sa voix est forte, elle sait se faire obéir, par ses élèves comme par les habitants de la maison.
L’étudiante
Avec sa famille, S. habite au troisième, juste sous l’appartement de la propriétaire, elle a d’ailleurs été son élève avant de partir à l’université. Elle envisage des études de médecine. Elle est grande, élancée, gracieuse et dévale les escaliers en dansant. Elle secoue souvent ses boucles rousses qui descendent en liberté dans son dos. Yeux verts de chat aux longs cils, visage régulier souriant, elle est rayonnante. Beauté naturelle, jupe virevoltante, deux bracelets au bras gauche qui cliquettent quand elle bouge.
La fille de la concierge
Petite, menue, timide. Avec ses cheveu noirs à la Louise Brooks et ses yeux bleus, elle est jolie, mais elle ne le sait pas. Elle se cache dans de gros pullovers et baisse les yeux quand on la croise, Elle a toujours un sac sur le dos, lourd, plein de livres. Étudiante, elle aussi, mais en littérature, elle s’est rapprochée de S. qui l’impressionne par son aisance.
Le garçon
De passage souvent, il monte l’escalier, portant un étui à trompette. Il sait où il va. Il est grand et maigre, blue-jean et veste en velours, des boucles noirs ébouriffés qu’il coiffe avec ses doigts. Des yeux noirs qui cherchent et observent, des lèvres minces, mais un sourire avenant, poli, mais distant. Il redescend une ou peut-être deux heures plus tard et disparait en sortant de l’immeuble.
Le cavalier
Assis tout droit sur son cheval blanc, il vient de sortir d’un grand portail en face, d’un centre équestre en pleine ville. Il descend la rue à petite allure. Il est équipé en cavalier, bombe noire, veste bleue serrée au corps, pantalon beige, bottes noires coincées dans les étriers. Les sabots du cheval résonnent sur le revêtement goudronné, le cavalier regarde droit devant lui et s’engage dans la prochaine rue perpendiculaire à la circulation animée.
J’aime bien: « elle ne suit pas la mode et ne risque pas de glisser. », l’inconguité de la phrase: « Il sait où il va. ». L’incongruité aussi de « des lèvres minces, mais un sourire avenant ». et l’incongruité de ce cavalier…
Merci Natacha, de relever ainsi quelques mots de description, souvent le choix est instinctif et c’est intéressant de voir si ça peut faire tilt…