#histoire #10 | Michaux, peut-être ? 

Voilà comme elle est : avançant sans se retourner dans l’intérieur du jour, tenant le guidon  avec une précision d’aveugle obéissant à une géométrie qu’elle seule comprend, se frayant un tunnel invisible dans lequel tout se réorganise bouffée après bouffée avant de disparaître.

Non, voilà comme elle est : quittant la pièce dissoute, là devant la grille vibrante de secrets, entrant sur le chemin, inclinée sur une intention inconnue, trainant des images qui s’effondrent portant le mouvement qui la précède du dedans, s’écartant pour éviter l’angle qui surgit.

Non, voilà comme elle est :  elle déplace les seuils, elle disperse les dalles, tirant des cloches volées au temps, griffant des horizons de tempêtes solaires.

Non, voilà comme elle est : roulant des portes, portant des hauteurs pour décoller les chemins de leur altitude.

Non, voilà comme elle est : elle accroche de ses regards les directions encore inexistantes, tenant son nom à distance pour ne pas être appelée par les lettres des pierres.

Non, voilà comme elle est : suivie du chien à l’allure de veilleur, il garde les passages distinguant le passer-futur du futur-passé, aboyant en silence aux fractures, posant sa patte pour vérifier le monde. 

Non, voilà comment elle se tient traversée par une lucidité tranchante, puis soudain enveloppée d’une douceur aux frontières dérobées.

Non voilà comment elle est : surgissant d’un air neuf portée par une force étrangère, tu la vois toujours revenir plus loin qu’elle ne part au bord de ce qui la dépasse, tu la vois et elle glisse.

Et pourtant elle nous échappe.

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