Il y a du double /#rectoverso #03

Il y a une date approximative, celle d’une naissance et d’une autre naissance.

Il y a la certitude d’un hiver d’un côté.

Il y a la douceur d’une fin de saison fraîche de l’autre côté.

Il y a l’imprécision de la pure mémoire.

Il y a la rigueur implacable des certificats.

Il y a la reconnaissance d’un regard amusé.

Il y a le premier sourire qui laisse venir mais qui offre déjà l’espace où la rencontre devient possible et même désirable.

Il y a le bizarre qui surgit quand même à certains moments.

Il y a la découverte des friandises interdites.

Il y a l’audace de se risquer ensemble à la proximité des fauves.

Il y a un certain cahot sur la piste et l’axe de la roue qui se casse et la résolution de dormir sur place et quand même le surgissement dans la nuit.

Il y a l’horreur avouée des nourritures qui risquent de gâter la tête.

Il y a le sourire à l’évocation d’improbables étageries.

Il y a ce qui devrait être patientes retrouvailles et qui est toujours la redécouverte du fait que la soudure a tenu.

Il y a de se dire jumeaux jusqu’à ce que…

Il y a le bizarre qui peut surgir à tout moment.

Oui, il n’est pas toujours besoin de le dire, oui. Mais la possibilité de le dire « ha », c’est celle du soupir quand on se laisse tomber sur le mirador après la pédalée de rattrapage et aussi de sauvetage. Oui, c’est ce partage-là ! Et qu’on arrête d’emberlificoter, puisque l’hivernage se doit d’arriver après les autres saisons. Oui, c’est comme ça, c’est le jeu des alizés, paraît-il. Oui, c’est aussi le plaisir à le dire quand il faut se relever. Oui, c’est l’invitation acceptée à se risquer aux chapardages prohibés et aussi à la proximité des fauves. Alors, oui c’est plutôt « yo », c’est l’accompagnement du corps qui se lève en même temps qu’un autre corps. Oui, on accepte ainsi l’effort qu’on va faire au cœur de la touffeur d’hivernage. Oui, ensemble. Oui, jusqu’au jeu bien sûr. Oui peut alors devenir « waw », pour faire durer un peu plus le son dans la bouche. Oui, c’est ça, c’est jouer à faire un peu comme en ville. Le temps d’un oui qui se suspend aux carrefours où l’on traîne sous l’ombre maigre des neems. Oui, c’est encore un apprentissage…

2 commentaires à propos de “Il y a du double /#rectoverso #03”

  1. « Il y a l’horreur avouée des nourritures qui risquent de gâter la tête. »
    Excellent ! J’imagine cette horreur traversant les siècles pour nous arriver toute fraiche. Merci pour ça !