#rectoverso #07 | Le fait que ça vienne de là-haut

Le fait que ça vienne de là-haut fait encore plus peur que si ça venait du fond du jardin, le fait que ça descende devant la fenêtre juste au moment où le frère vient de faire sa bêtise et refuse de se laisser gronder par les grands donne vraiment l’impression d’un pouvoir extraordinaire, le fait que le pelharòt soit le seul à passer devant toutes les maisons à la fois le désigne comme seul capable de savoir et surgir à ce moment-là et le fait que le sac qui descend au bout d’une ficelle depuis la terrasse soit si miteux fait bien penser à lui. Même le fait que ce n’est pas moi qui ai fait la bêtise ne m’empêche pas de pleurer de frayeur en pensant à lui venant parfois chercher des petits enfants pas sages…

Le fait que le pelharòt reste toujours au niveau du caniveau aurait dû le faire disculper, sans parler de l’odeur du sac de jute miteux qui avait gardé sans doute de celle de la dernière pêche du grand-père et d’ailleurs à l’époque à part lui, qui se serait hasardé sur la terrasse, on n’en était pas encore à l’époque des cambriolages venus d’en-haut ou du voisin surgi pour une apparence de feu de brasero intempestif. Le fait qu’à cette époque, il y avait quelqu’un comme le pelharòt qui parcourait sans cesse les impasses en s’annonçant à franche voix aurait pu avoir de quoi nous rassurer…

2 commentaires à propos de “#rectoverso #07 | Le fait que ça vienne de là-haut”

  1. Mystérieuse plongée dans un univers qu’on aimerait plus grand ouvert. Mais le mystère fait partie du (court) plaisir de lire. Merci.

  2. il y a dans ce texte un condensé de terreur enfantine, bluffant comme l’utilisation de la répétition ici, fait monter crescendo l’angoisse