
on discerne toujours le palmier dans le petit jardin
un pantalon de survêtement, un haut de survêtement, un marcel blanc – une feuille de papier, des stylos – le réduit de deux mètres cinquante sur un – des légumes bouillis (normalement on les travaille à la vapeur, mais là, ils n’ont pas le loisir ou le temps ou le cuit-vapeur)
un tablier à fleurs ; une table basse de verre épais, un canapé deux fauteuils couverts de tissu vert ; le salon en L qui donne sur la terrasse, le palmier, les lauriers – des rigattoni al ragu (des pâtes à la sauce tomate – en entrée des pommes de terre au thon et à la mayonnaise)

le chapeau de paille ; le ballon du gamin du troisième; le jardin en forme de terrasse qui court le long des baies du salon – un beignet au sucre (on appelait ça un bomboloni,je ne suis pas certain de me souvenir que le petit môme qui portait sur sa tête le bidule en fer blanc dans lequel se trouvaient ces beignets vendait aussi, à l’entrée des ruines, des lampes datant des siècles précédant cette ère-ci)
un tissu graisseux ; le skorpio démonté; la table de la cuisine en formica jaune – les aubergines en rondelles, le sel, la plaque de four

une serviette de toilette dans les roses ; des tubes dentifrice, des brosses à dents, des savons sur le bord du lavabo ; l’odeur des poissons grillés ou frits comme les oignons
un pantalon et une veste de pyjama, rayé dans les bleus, fripé, abandonné ; un réveil, une lampe, une table de nuit, le haut en marbre rose et gris, dans le tiroir une bible ; de l’œuf dur en rondelles sur une assiette aux motifs floraux
une chemise blanche repassée suspendue sur un cintre, ou pliée sur le dessus de lit, des boutons de manchette en or et mica pourpre ou noir ; la porte de l’armoire, le miroir qui en occupe tout l’endroit, derrière, des cravates suspendues à un fil tendu sur toute la largeur, de toutes les couleurs (rue de Rome, à Gênes, la boutique Finollo, le meilleur fabricant de toute l’Italie

et une pensée pour Carlo Giuliani, assassiné un peu plus loin à l’est (via Caffa) par la police en 2001

) ; sur la table de nuit dans une coupelle des amandes grillées
pas réussi à la huit - on s'en fout - vaguement le sentiment d'être hors sujet comme d'hab - semblable à un billet de blog (il faudra sans doute peut-être y revenir ce dimanche ou ensuite) (ou il faudrait) - on dirait qu'on parcourrait un appartement (le 8 Montalcini, premier étage) ou une maison (ou celle de la LVMDE) ou celles de la maison d'A. - il faudrait suivre un certain ordre, celui du parcours peut-être (je l'avais dessiné cet appart-là suivant les dires d'Anna Laura (dans son livre Le Prisonnier) mais elle ne le décrit pas vraiment)
Et comme d’hab, on s’en fout. Merci Piero. Et anche pour les rigattoni al ragu.
Ce qui reste . Ce qu’on voit. Ce qu’on imagine . Inventaire . je ne sais pas pourquoi ce sont ces restes là qui me touchent le plus : « un pantalon et une veste de pyjama, rayé dans les bleus, fripé, abandonné ; un réveil, une lampe, une table de nuit, le haut en marbre rose et gris, dans le tiroir une bible ; de l’œuf dur en rondelles sur une assiette aux motifs floraux »