Recto-verso #14 l Balbutiements.

RECTO

Période : 1972 – 2072

Figures majeures de la période (sont cité.es celles et ceux qui m’accompagnent et qui sont nés bien avant 1972) : De Flaubert écrivain à Edouard Louis sociologue-écrivain, de Camille Claudel à Brune D. amies sculptrices, de Jésus Christ religion à la méditation indienne spiritualité, de Victor Hugo homme de théâtre à Sandrine Roche femme de théâtre, de Serge Gainsbourg chanteur-compositeur à Zaho de Sagazan chanteuse-compositrice, de Jacques Prévert poète à Chloé Delaume autrice expérimentale, de Rousseau philosophe à Thomas Piketti et Julia Cagé économistes etc.

Évènements marquants : Un soir à Jérusalem entre deux Intifadas, j’ai entendu un poète et acteur palestinien dire un texte. Seule une bougie et son ombre, une fenêtre et le ciel. Une parole et la sobriété et j’ai su que cela me suffirait pour faire trembler un coeur et un public.

Œuvres principales : Premiers cris/écrits à l’adolescence, Premières prières/espérances aux arbres de la forêt, Les mots vers l’invisible, Créations artistiques de la Cie Speira, Livre Un mot remplit l’abîme publié sous la forme d’un long article dans la revue Nectart aux Editions de l’Attribut, Deuxième livre de la difficulté des corps dans le décor qui n’a pas encore trouvé sa place ni sa raison d’être, créativité en continu.

Épicentre(s) géographique(s) : France, USA, Londres et un jour, peut-être, ailleurs, plus loin, plus près, sur la lune, au fond du trou, dans l’océan, au creux d’un nuage, ou juste là où je suis.

VERSO

Je serai peut-être encore en vie en 2072 et tel un arbre de la forêt peut-être que je me tiendrai encore debout les bras ouverts à me laisser bousculer par le vent, peut-être serai je encore assez lucide pour vivre dans ce monde ou peut-être ne serai-je plus tout simplement. Quoi qu’il en soit, étant totalement incapable de m’imaginer, je me penche sur ce qui m’agite ici.

Projet artistique Métamorphoses narration, corps et dessins.

Quand ma porte est fermée, que ma lampe est éteinte

Et que je reste enveloppée dans l’haleine du crépuscule,

Je sens bouger autour de moi

Des branches, les branches d’un arbre.

Dans ma chambre que nulle autre n’habite,

L’arbre étend une ombre douce comme un voile.

Il vit silencieux, il croît sans doute,

Il devient ce que veut un inconnu (…)

Pour l’amour de l’arbre de Karine BOYE Ed. La Différence, coll. Orphée

Education et famille :

Je ne lui appartiens pas. Je n’appartiens pas à la famille dans laquelle je suis née.Je ne l’ai pas créé, pas pensé, pas éduqué, je l’ai vécu, subi, supporté mais je n’y suis pour rien là-dedans, je n’ai pas façonné ces enfants, dit ces conneries, tapé ces corps, moqué ces échecs, je ne suis pas responsable, c’est la famille de mes parents, la leur mais ça m’a pris des années pour saisir que cette évidence ne s’inscrivait pas en moi (…) Note 1.

Je suis retournée sur tous les lieux de mon enfance. J’y ai retrouvé les murs, les toits, les jardins, la brièveté de mes souvenirs. Mais pas une émotion, pas un chagrin nostalgique, pas de colère ni d’effroi. Rien. J’avais, en moi, tout lavé (…) Note 2.

Le jardin des allongés :

Au loin, dans la plaine immense, tandis que droites, se tiennent les tombes…

les oiseaux, insouciants et libres, fendent les airs et protègent les êtres.

En recherche de comment relier ces axes pour en faire une oeuvre quelle qu’elle soit, à suivre.

A propos de Clarence Massiani

J'entre au théâtre dès l'adolescence afin de me donner la parole et dire celle des autres. Je m'aventure au cinéma et à la télévision puis explore l'art de la narration et du collectage de la parole- Depuis 25 ans, je donne corps et voix à tous ces mots à travers des performances, spectacles et écritures littéraires. Publie dans la revue Nectart N°11 en juin 2020 : "l'art de collecter la parole et de rendre visible les invisibles" voir : Cairn, Nectart et son site clarencemassiani.com.

8 commentaires à propos de “Recto-verso #14 l Balbutiements.”

  1. Les balbutiements de l’autrice me parlent et me touchent : « Un soir à Jérusalem entre deux Intifadas, j’ai entendu un poète et acteur palestinien dire un texte. Seule une bougie et son ombre, une fenêtre et le ciel. Une parole et la sobriété et j’ai su que cela me suffirait pour faire trembler un cœur et un public. » (Hier soir dans le jardin où je vis nous avons répété devant quelques un.e.s, une chaise, une bougie, un corps, une voix, un texte… oui cela suffit à faire trembler – moi qui ai construit conçu tant de scénographies comme j’aime cette nudité ) « Je serai peut-être encore en vie en 2072 et tel un arbre de la forêt peut-être que je me tiendrai encore debout les bras ouverts à me laisser bousculer par le vent, peut-être serai je encore assez lucide pour vivre dans ce monde ou peut-être ne serai-je plus tout simplement. Quoi qu’il en soit, étant totalement incapable de m’imaginer, je me penche sur ce qui m’agite ici. » C’est très beau Clarence . Merci

  2. ça m’a pris des années pour saisir que cette évidence ne s’inscrivait pas en moi …
    Comment faire pour les générations à venir y passent moins de temps… pour être eux-même plus tôt …

    merci Clarence pour ces fragments dont on sent le lien, la reliance.

  3. Je ne peux pas reprendre tout le texte mais tout est beau et bouleversant .merci pour la mise nu de ce je qui résonne . Entre photos poesie et prose , un texte nait sous nos yeux magnifique !

  4. C’est poignant… saisissant la scène du poète palestinien… et fort « je ne lui appartiens pas » ce rapport à la famille… vraiment très touché Clarence par tout ce témoignage autobiographique (peut-être). Merci

  5. je me penche sur ce qui m’agite ici. tout comme l’arbre dont tu te revendiques. Très belle image de dos avec les jeux d’ombres, merci. Et l’ouverture finale « En recherche de comment relier ces axes pour en faire une œuvre quelle qu’elle soit, » s’arrêter juste à la virgule pour ne pas empêcher la suite à venir déjà esquissée au crayon