Il y a cette table qui me regarde
Il y a cet homme jeune couché dans son lit et qui n’a qu’un seul désir n’ayant plus de désirs, demeurer couché dans ce lit.
Il y a les œillets qui se dessèchent dans le vase
Il y a l’air qu’on ne voit pas mais qui pèse
Il y a que tout ça me gonfle, mais…
il y a les Suzanne-aux-yeux-noirs, sourire de Zanzibar…
Il y a les arbres du bois désaltérés un peu par une petite pluie
Il y a l’enfant affamé qui s’abandonne à la mort
Il y a la peur du soldat et aussi la peur du soldat
Il y a les boutiques débordantes de marchandises bradées
Il y a le manque de tout et les étals vide
Il y a que tout ça me désole, et …
il y a le coeur noir des Suzanne-aux-yeux-noirs, sourire de Zanzibar…
Il y a la joie de vivre
Il y a la morosité
Il y a l’amour enfui
Il y a l’amour naissant
Il y a que tout ça est la vie
tout comme l’or des Suzanne-aux-yeux-noirs, sourire de Zanzibar…
Il y a le ciel chargé d’orage
Il y a le thermomètre qui s’affole
Il y a la terre qui s’ouvre
Il y a ces vagues de dix mètres
Or il y a aussi les Suzanne-aux-yeux-noirs, sourire de Zanzibar…
Il y a l’inépuisable amour maternel
Il y a le parfum des lilas
il y a que les jours coulent comme les hampes des Suzanne-aux-yeux-noirs, sourire de Zanzibar
Il y a la mort.
Ah qu’on me recouvre de Suzanne-aux-yeux-noirs, sourire de Zanzibar
Il y a ces vers de Rimbaud :
Il y a une cathédrale qui descend et un lac qui monte.
Il y a une petite voiture abandonnée dans le taillis, ou qui descend le sentier en courant, enrubannée.
Il y a que j’adore cette cathédrale qui descend, ce lac qui monte et la petite voiture enrubannée
Il y a la possibilité de dire oui
oui c’est un Thunbergia mais je préfère dire Suzanne-aux-yeux-noirs, sourire de Zanzibar
Oui les images s’inversent
Oui le monde se retourne comme une veste et sombre comme la nuit
Oui faut dire oui pas ouais
Oui dis-moi oui, non ?
Oui ? tu en es bien sûr ?
Oui l’horizon s’obscurcit il est une ligne qui ne va nulle part et juste sépare
Oui j’ai voté non
Oui je refuse je refuse absolument
Oui je me joins je me joins absolument
Oui j’ai un mal fou à dire oui
Oui j’ai encore dit non
Oui je préfère non
Oui tu viens oui ou non ?
Oui tu as encore dit non
Non tu ne peux pas dire oui
Dis-moi oui je t’en supplie dis-moi oui
Oui nous voici tous devant toi prêts à te dire oui
oui ô Suzanne-aux-yeux-noirs, sourire de Zanzibar…
Je ne sais pas qui est Suzanne-aux-yeux-noirs, sourire de Zanzibar mais c’est une sacrée scandeuse et pour un oui et pour un non, elle vaut le détour
C’est gentil Louise, c’est personne (encore que… dans mon code off…)
Oui très musical, rythmé, à lire à voix haute, reste des mystères qui s’ouvrent sur bien des portes et des images !
Catherine, un grand merci d’être venue me lire (c’est une joie !!)
je me joins au superbe commentaire de Louise
l’immense mélancolie du texte me renverse
c’est un texte magnifique qui tord le coeur
et puis soudain ce sublime écho
ce oui prêt à tout prendre
« Oui nous voici tous devant toi prêts à te dire oui »
comme le point d’orgue
le point de résolution
dans le débordement du monde
Ah la petite voiture abandonnée dans le taillis! Elle a bien failli être dans mon « il y a »…
Oui j’ai un mal fou a dire oui
Oui j’ai encore dit non.
Tout est dit ou presque.
La lecture de votre texte me donne envie de slamer. Beaucoup de rythme
Merci
Hahaha, tu m’as bien eu ! J’ai lu sans regarder l’auteur, et voilà que je te trouve là en bas, pour une qui a sué sur le sujet il est écrit d’une façon drôlement alerte, et le clin d’œil de la fleur est magnifique ! Continue à souffrir chère amie, rendez-vous en #4,
quand je souffre je fais le pitre, chère Catherine 🙂 contente que ma pitrerie t’amuse
Il y a la peur du soldat et aussi la peur du soldat ! Les mêmes mots, deux sens. Bravo.
Merci Noëlle, le seul truc dont je sois fière
« il y a la possibilité de dire oui » qui te permet de passer d’un chapitre à l’autre, tout cela dans le regard de Suzanne, énigmatique Suzanne
On la suivrait (et toi aussi d’ailleurs) jusqu’à Zanzibar !
Merci beaucoup Catherine pour ces images toutes aussi touchantes. Ai particulièrement beaucoup aimé la deuxième partie avec les Oui. Bravo !
J’adore le rythme les images la mélancolie qui la ténacité qui et Suzanne qui chante si bien avec Zanzibar
Attrapée par cette table qui me regarde et puis cette Suzanne-aux-yeux-noirs, sourire de Zanzibar qui revient encore et encore et nous entraîne jusqu’au oui.
grand grand merci de votre soutien Françoise, Nathalie, Clarence et Betty, je pensais vraiment avoir pondu une daube, à réfléchir…