A propos de Catherine Plée

Je sais pas qui suis-je ? Quelqu'un quelque part, je crois, qui veut écrire depuis bien longtemps, écrit régulièrement depuis dix ans, beaucoup plus sérieusement depuis trois ans avec la découverte de Tierslivre et est bien contente de retrouver la bande des dingues du clavier...

#anthologie #33 | mère l’oeuf

Ouvre cette porte me dit mon père. Mais je ne veux pas, je ne veux pas. Ne fais pas l’idiote, ouvre cette porte, tu n’es plus une enfant… La porte a grincé férocement avant de daigner s’ouvrir sur un cagibi tout noir. Assise sur un tabouret, ma mère tient une bougie éteinte à la main, elle semble étonnée de nous Continuer la lecture#anthologie #33 | mère l’oeuf

#anthologie #29 | Un père et une mère

Il a quatre-vingt-dix ans, il est aveugle, couché sur son lit d’hôpital, il sort du coma, arrache sa perfusion, il veut embrasser sa fille qui recule devant ce mourant en couche-culotte, je déteste les histoires de famille tout le monde a une famille il dit c’est l’heure de vérité. C’est d’une banalité désolante Demain, il sera de nouveau dans le coma. Dans deux semaines Continuer la lecture#anthologie #29 | Un père et une mère

#anthologie #26 | bruits de fond

Comme une brise dans mes oreilles, un souffle continu, le bruit du dedans. Il fait si chaud, ça amplifie, et puis un train qui passe, il n’y a pas de voie ferrée ici, peut-être le cahot d’une valise à roulettes sur les pavés, un airbnb perdu dans la nuit ? le souffle revient, puis comme un frottement, une présence là tout Continuer la lecture#anthologie #26 | bruits de fond

#anthologie #25 | Amours et pestilences

Enfant, on n’acquiert pas tout de suite la hiérarchie des odeurs ce qui sent bon ou pas est pure transmission, ça pue ! est avant tout une parole : l’ainé persuadé et persuasif expliquant au cadet fort surpris ton caca sent mauvais, le mien sent bon. La mère proclamant au saut du lit Ce qu’il pue cet homme, et le père sentira Continuer la lecture#anthologie #25 | Amours et pestilences

#anthologie #24 | le bonze

son père disait Ils sont si mignons quand ils dorment. Et pourquoi pas mignons lorsque morts ? Le plus laid des bébés atteint à la beauté dans le sommeil. C’est d’abord ce souffle ténu d’une régularité souveraine, ce visage que nulle ride, nulle blessure, nul pli amer ne vient troubler, rien pour offusquer la rondeur de l’enfance. Uniquement des courbes dessinées Continuer la lecture#anthologie #24 | le bonze

#anthologie # 23 | la fenêtre

C’est ainsi. A chaque fois que je passe dans leur rue, je ne peux pas m’empêcher de relever la tête vers leurs fenêtres, celle du salon à trois battants, et celle, basculante de la cuisine. Je regarde surtout celle du salon car c’est dans celle-ci que pointaient soudain leurs têtes quand j’arrivais (souvent) en retard. Les éléments de la cuisine Continuer la lecture#anthologie # 23 | la fenêtre

#anthologie #17 | Virginia

elle me dit suivez-moi, nous allons au phare, le phare c’est toute une histoire. Je l’ai lu dis-je bêtement, elle a un petit rire, sa voix est un peu grave, un peu dure et acérée comme son profil. Tout est long en elle, son nez, son ovale, ses jambes, ses mains, je suis incapable de dire si elle est belle Continuer la lecture#anthologie #17 | Virginia

#anthologie #16 | la cruche

D’abord elle rougit, puis se sentant rougir rougit plus encore, imagine que tous ne  voient que çà, ne pensent qu’à ça, qu’à elle et son teint de tomate confite, elle est tellement en circuit fermé, isolée au milieu des autres, la respiration coupée, elle perd alors le contrôle de sa voix qui devient plus aiguë encore que d’habitude, fend l’air d’un Continuer la lecture#anthologie #16 | la cruche

# anthologies #14 | Choqué

ah mais là, je suis choquée, tu te rends compte, un vrai diamant et tout, et la rose, et la demande à genoux ça m’a choquée tellement que j’ai dit oui alors que de base c’était plutôt non. Elle me va de ouf cette robe, j’suis choquée avec les volants et tout alors que de base, moi, les volants c’est Continuer la lecture# anthologies #14 | Choqué

# anthologies #11 | tempo de la trouille

J’ai perdu l’habitude de sortir tard le soir je déteste ça les terreurs de l’enfance me rejoignent dès que l’entre chien et loup couvre Paris comme un torchon sale je m’échappe avant Cette fois c’est raté il  faut traverser toute la ville dans le métro des heures sombres J’attends ma correspondance sous ses voutes de faïence crasseuses quai désert lumière crue Continuer la lecture# anthologies #11 | tempo de la trouille