RECTO
Il y a la ville
il y a du feu sur la colline en face de ma fenêtre
il y a du mistral qui nourrit le feu, qui tabasse la vitre
il y a des cendres dans mes poumons
la ville en feu dans les infos
il y a du temps
il y a des livres à moitié lus
il y a des cahiers inachevés
il y a des questions qui fabriquent d’autres questions
il y a l’intranquillité
il y a les promesses
il y a le futur
il y a les rêves
il y a la philosophie
et il y a la mort
il y a la guerre
il y a les faits divers
il y a les cigarettes
il y a les EHPAD et les impôts
il y a l’agenda et les vacances
il y a les génocides
il y a un viol toutes les 3 minutes
il y a un accident de la route toutes les 2 minutes
il y a des arrêts cardiaques et des erreurs judiciaires
il y a un pompier qui est mort sur la colline
il y a la ville
il y a les bruits d’un spectacle entre ma fenêtre et les flammes
il y a des cris et des applaudissement
il y a les terrasses qui débordent
il y a les gens qui disent les gens
il y a les gens qui disent oui et des gens qui renoncent
il y a les gens qui se battent.
Il y a l’usure,
des dieux partout,
et du silence sous les voitures.
VERSO
Qui ne dit mot consent, dit-on. Oui est donné d’emblée, dit-on. Par défaut. Alors j’ai dit non. Tôt et longtemps, le oui s’est braqué. Toujours précédé d’un non, il lui fallait cheminer dans mon corps, pousser, s’enraciner, occuper tout le territoire pour être disposé à s’énoncer. Oui. Trop tard, me disait-on. Et puis j’ai rencontré l’art du clown, ce personnage qui se donne tout nu au monde avec un grand oui, qu’on piétine et qui se relève avec un grand oui, qui échoue et qui recommence avec un grand oui. Ce oui généreux enrichit le non, le cache, lui donne des nuances. Après ça, le non a su jouer au oui, le oui a su se déguiser en non, les voilà qui se chevauchent et chahutent.
J’aime cette scansion trouvée des il y a. Merci Lisa.
salut Lisa,
Tes il y a sont super composés, j’ai l’impression de tous les voir, ils s’entrechoquent parfaitement. merci. bise. Micha