Il y a des feuilles vertes sur les frênes et des boutons d’or sur le chemin
Il y a une pierre dans le pré où un vieil homme s’arrête
Il y a des papillons euphoriques qui découvrent un monde neuf
Il y a des champs de jonquilles dans l’ombre des branches emmêlées
Il y a ta mémoire qui s’emballe pour faire réserve d’images
Il y a un trou entre les pierres du pont qui montre le bouillon en-dessous
Il y a tout au bout le bois profond où il faut faire demi-tour
Il y a la musique de l’eau répétée en boucle dans ta tête
Il y a ce que disent les roches et que tu n’entends pas
Il y a les bêtes qui se cachent et que tu ne vois pas
Il y a le vent floutant le souffle de la forêt qui respire
Et il y a toi qui murmures au milieu
Oui, puisque les fleurs t’indiquent la voie, ton rêve va prendre une face nouvelle. Puisque la pierre autorise le repos et que le pont traverse la rivière, ton voyage peut suivre les traces anciennes. Les temps ont changé, oui, mais le glou glou de l’eau, le frou frou des bois, le cui cui des oiseaux restent les mêmes. Puisque tu t’apprêtes à accueillir le calme de la montagne, oui, tu reçois les signes autrefois silencieux, tu entends les voix d’avant, oui, tu ressens les souffles inconnus, tu les vois, oui, tu les sens, et pourquoi pas les êtres cachés, et pourquoi pas les morts, tout ce à quoi tu ne crois pas. Tu es prête. Oui. Les voilà.
« Il y a ta mémoire qui s’emballe pour faire réserve d’images », j’ai beaucoup aimé