# rectoverso # 03| il y a des peut-être

RECTO

Il y a les portes fermées que l’on pourrait ouvrir. Serait-ce blasphème que de l’imaginer ?

Il y a les illusions perdues et de vieux papiers qui s’envolent sur les rives du fleuve.

Il y a du verre opaque sur les jours qui se déroulent

Il y a une forme d’ivresse à penser que des horizons pourraient se dégager mais très vite, c’est l’opacité qui reprend ses droits. De même que l’on passe de l’hiver à l’été sans réelle transition.

Il y a toujours une touche de grotesque lorsque les émotions enflent comme une vague et submergent.

Il y a quelques appréhensions à continuer de poser des mots les uns à côté des autres.

Il y a quelque chose qui nous retient de revoir des gens que l’on n’a pas vu durant des années et que tant d’évènements ont eu lieu qu’il serait vain de tenter de les rencontrer.

Il y a les herbes hautes dans le jardin que je laisse pour voir un peu de houle sous l’haleine du vent.

Il y a dans la mémoire des vagues de souvenirs qui vont et viennent sans se soucier du bien fondé de leur débordement.

Il y a l’instant où l’on se sent au diapason avec la musique qui se joue dans un petit coin du monde.

Il y a un inconnu que l’on suit dans la rue pendant une demi-heure et puis l’histoire qu’on lui invente après.

Il y a un papillon bleu qui attire le regard et qui, l’espace d’un instant, nous ramène sur un chemin d’enfance.

Il y a l’impression de manquer d’air

il y a la certitude que les il y a peuvent ne jamais s’arrêter et que les oui seront plus difficiles.

VERSO

Oui vient toujours après le non. Car il faut commencer par refuser avant de dire oui. Toujours. Car le oui est un pas en avant que l’on n’est pas sûr d’avoir envie de faire. Et le non permet de rester un peu plus longtemps sur le seuil. Prendre son temps. La rareté du oui le fait se sentir plus noble, plus grand, plus fort. Et mieux vaut dire non que oui, mais. Et peut-être aussi a toute sa place, après le non, merci. Car le doute est premier. Et le doute est dernier. Et j’aime les peut-être et la petite fenêtre qu’ils ouvrent pour laisser passer un rayon de lumière. C’est parfois suffisant un rayon de lumière pour continuer à être.

A propos de Solange Vissac

Entre campagne et ville, entre deux livres où se perdre, entre des textes qui s'écrivent et des photos qui se capturent... toujours un peu cachée... me dévoilant un peu sur mon blog jardin d'ombres.

2 commentaires à propos de “# rectoverso # 03| il y a des peut-être”

  1. et on en revient aux herbes hautes du jardin qui tanguent et me séduisent, on en revient au papillon qui nous ramène au lieu d’enfance…
    tu me prends par la main, tu le sais
    salut à toi, Solange