#rectoverso #03 | le ferry du lendemain

RECTO

Il y a le vent dans tes cheveux, sauvage et parfumé. J’aime me souvenir de cet instant.

Il y a cette côte dessinée à l’encre de Chine, puis aquarellée. Carte trouvée dans une brocante un matin, sur le port.

Il y a ce cri dans la nuit, glaçant.

Il y a cet horizon imprenable. Chaque jour, il défie ma route, celle qui trace le chemin vers demain.

Il y a les peut-être et les jamais, ceux qu’on veut éviter à tout prix.

Il y a ces lendemains sans saveurs qui violentent nos vies.

Il y a ces promesses d’ailleurs, elles bercent mon quotidien et donne la force de rêver encore.

Il y a les petits bonheurs saisis au gré de la journée, ces moments précieux qui échappent à ceux qui ne savent pas porter attention aux détails de la vie.

Il y a hier et toute sa promesse de vie pour demain.

Il y a le souvenir que j’ai de toi, il s’effrite peu à peu, mais m’habitera toujours, même lorsque les contours de ton corps se seront estompés.

Il y a ces petits riens, ils sont énormes.

Il y a ton regard que je ne sais capter.

Il y a la route, celle qui instruit, celle qui fait évoluer, celle qu’on remercie pour ce qu’elle est.

Il y a le ferry du lendemain matin.

Il y a ces moments grandioses où les continents grincent comme les dents.

Il y a la vague qui s’élève au-dessus de la mer.

Il y a cet espace de fusion entre le corps et la nature.

Il y a les lieux uniques des au revoir.

VERSO

Oui, la route est longue. Je m’y perds parfois. Là où le souvenir du chemin parcouru tisse un fil à peine perceptible, j’aime à redonner du sens à ces fragments de vie. Se retourner ne relève pas d’un acte nostalgique, c’est donner de la force au présent et une impulsion favorable à l’avenir. Oui à la vie, aux fleurs des champs, à l’eau endormie des lacs de montagne, à la force des torrents, à la beauté d’un vol d’oies cendrées sur le chemin migratoire, à la couleur bleu profond de tes yeux, à ce paysage époustouflant découvert en voyage, à tout ce qui nous rappelle qu’on existe à côté de tout le reste. Oui à ne plus rien savoir que dire. Oui à l’ivresse du jour qui tombe. Oui à mes pas dans les tiens, si éloignés et si présents. Je reviendrai au point zéro de mon histoire, retrouver le fil conducteur et retisser le récit de ce qui a été, est, et sera.

A propos de Dominique Estampes Paillard

Un jour, j’évoquerai l’ici et l’ailleurs de mon existence, j’écrirai ma fascination pour le silence des mots, je dénoncerai l’emprise de mes gènes sur les terres lointaines, je dévoilerai mon doute quotidien, j’évoquerai l’élégance de ma ville de « bord de l’eau » et encore plus mon coup de foudre pour NY, je partagerai ma passion pour l’image, la photographie, je rigolerai devant mes grains de folie, je révèlerai les nuits blanches à écrire, à lire, je dénoncerai le manque de souvenirs de ma ville natale, Casablanca, je ferai la liste de tout ce qui aurait dû, de tout ce qui aurait pu, mais encore plus de tout ce qui a été tout en me délectant du présent. Un jour, peut-être. https://unmondeauboutdurivage.com https://www.instagram.com/hoalen64/?hl=fr

2 commentaires à propos de “#rectoverso #03 | le ferry du lendemain”

  1. Oui, il me plaît beaucoup l’aller retour de tes il y a, du ferry aux humains et de nouveau ferry.
    Mention spéciale pour
    Il y a ces moments grandioses où les continents grincent comme les dents.

    Par contre pour les oui, tu dérives un peu : jamais vu de ferry sur les lacs de montagne 😉