#rectoverso #04 | le monde coule rouge

la mémoire effroi se couche devant toutes les époques_devant grand Homme et petite femme_devant tous petits corps_le point de bascule est là dans ce petit corps fragile qui ne sait pas comment dire non_comment se protéger de la grande main trop grande pour le petit corps
l’effroyable brutalité des corps qui choquent et croquent à n’en plus finir jusqu’aux os jusqu’à faire rentrer les chairs dans des petites boîtes
se souvenir de ce qui gît qui veut faire coucou bien trop souvent coucou_alors s’enfermer dans des époques qui ne sont pas les nôtres pour tenter comprendre l’agonie et finalement revenir à l’ici parce qu’ici ça recommence ça recommence partout tout le temps_on croit que mais non_les enfants sont effractés depuis encore toujours et l’humain à la chasse depuis encore toujours
il y a quelques jours un assistant familial est mis en examen et les vidéos trouvées en ligne  désignent des tous petits enfants _parce que les fractures encore parce qu’on peut remonter descendre on est encore dans comment trouver de quoi détruire sadiquement la vie_
parce qu’être vulnérable n’est pas une question on y est c’est tout_partant de là on fait quoi

je donnerait bien des coups dans les dents de toutes ces décisions qui mettent en danger l’après

de toute façon le monde coule rouge

une tête chauve s’insurge et dit vous perpétuer nos morts
pourtant ça vote toujours à côté des pompes toujours pour manger du fric toujours plus et quand y aura plus rien_y aura qu’à pleurer rouge
pendant les injonctions pleuvent_il faut profiter de la vie dit_vivre coûte que les autres_vivre même si je t’écrases avec mes doigts comme une colonie petites fourmis
dans mes souvenirs je suis une petite fourmi vulnérable_on peut lui cracher dessus la démanteler pour son bien_c’est ce qui se dit c’est de l’amour il paraît
dans d’autres souvenirs les hommes insectes sont coupés dans les collines
les vagins à trois mains jusqu’à l’intestin
les petites filles à quatre pattes doivent aboyer
dans l’ici tout de suite des morceaux de corps sont enveloppés dans des affiches parce que c’est tout ce qu’il reste pour câliner son mort
qui change aux souvenirs d’avant
peut-être que notre langue comme moulin à vent emporte nos dire et recommence
ce sera toi ou toi ou bien toi
la mémoire désigne qui et quoi
elle applaudit le courage
oui mais bof
dans mes notes je lis qu’être courageux c’est supporter et vivre coûte que_sauver sa peau coûte que
dans mon présent le ventre dit mieux le courage au soin à l’autre_ ce qu’il reste c’est ce qui fabriquera la douceur
alors il faut continuer dire l’effroi dire c’est là tout près tout le temps partout_que nos souvenirs soient des gardes droits
et l’œil de la baleine se souviendra des mémoires d’hommes qui exterminent par inconsistance qui trépignent de ne pas savoir quoi de leur sexe
et de voir la mère et son petit encore remuants sur le bateau avant incision_et ce rouge tellement de rouge qui troue la mer
le grand H ne comprend toujours pas les liaisons alors le rouge de se répandre jusque dans les recoins de terre inconnus de nos langues
alors je_perpetuera la douleur étalé sur les murs _parce qu’elle compte

A propos de Jen Hendrycks

J'écris depuis l’indignité. je traque ce qui fend, fracture, endure. Écrire comme sursaut, sédition et dire sans polir ni plier. En veille et sorésie, toujours. jenaie@hotmail.fr

17 commentaires à propos de “#rectoverso #04 | le monde coule rouge”

  1. Ouf. Pluie de coups, assommé. Moi qui lis, au coeur de la nuit, insomnie, me voilà tabassé. Si fort texte pour une lecture qui coule rouge. Heureux aussi de te retrouver, Jen.

  2. Quel beau texte et quelle belle lecture. J’aimerais bien moi aussi lire à voix haute ici, mais je ne sais pas comment procéder. Quoi qu’il en soit, grand merci

    • Merci Émilie, pour lire j utilise le logiciel basic de mon téléphone puis je m envoie le fichier sur ordinateur parce qu il faut souvent le convertir en mp3.
      J utilise le logiciel convertio c est très simple d utilisation. Une fois que tu as le fichier mp3 lorsque tu es sur le blog il y a des options si tu ne vois pas audio clique sur plus d options et tu auras audio ensuite sur televerser et le fichier ira sur ton article. Ps je suis vraiment vraiment pas douée en informatique donc même si ça te paraît compliqué ça ne l est vraiment pas c est peut être juste mes explications!

    • J aimerais croire que nous sommes capables de trouver les priorités mais souvent rattrapés…merci Anne de ton passage ici

  3. Nouveau coup de poing. Une langue une voix sans failles sur lesquelles on peut compter. Merci. Encore.

  4. C’est le 2ème texte de toi que je lis et même effet ! Encore et encore ce sentiment de langue-écriture-corps-et-coeur-de-cible. Et ta voix haute qui souligne les inflexions du texte, lui donne son relief. Et ce jeu des pronoms qui s’émancipent pour devenir personnages à part entière, comme dans le texte précédent.
    Je viens de finir « L’Empreinte » d’Alexandria Marzano-Lesnevich. La proposition (pour la forme) et ton texte (pour le fond, en partie car dans ton texte tant de densité dans ce flot rouge qui ravine large), deux échos terribles.

    • Si ça te dit peut être de faire un petit explicatif facile ça enjoindra sûrement d autres à faire. Genre tout simple avec le portable et le convertisseur : parce que le blog ne prend que les mp3. Je suis souvent paralysée avec les trucs informatiques je comprends que ça puisse faire peur.

      • Je vais essayer de faire un petit tuto avec images, pour que les personnes trouvent les bons chemins,
        Sinon dire que ce texte qui mêle narration froide, présence d’un je qui raconte, tremble et rage, qui se fait poème ou froid rapport crée un effet tjs aussi puissant,

  5. Super merci Catherine! Si ça peut créer de l’allant!;) on se voit vite. D ailleurs je lis rue Pascal le 21 à 18h si!
    J aimerais bien faire des lectures aux scènes ouvertes aussi! Ça te dit?

  6. Très forte lecture/ écoute . Et cette répétition du mot: petit petite : petit clou qui s’enfonce . Merci Jen . Merci

    • Merci Nathalie de me lire et de dire 🙂 Nous sommes des petites clous qui essaient de ne pas plonger comme peu.