Je manque ici d’instantané. J’aurais voulu écrire avec quelque chose de moins personnel. J’aurais voulu éviter d’ouvrir le paquet de mélancolie qui menace cet exercice, qui l’éloigne tant du travail de Joy Sorman. Je renonce. La maison est encore là, rôde. Des avants et des après la rythment sur quarante-cinq ans, on en trouve des morceaux un peu partout ici au gré des consignes — une pâte à beignet jetée sur la table, un mouchoir parfumé sur le sein, un nom pour chaque vent, un baiser sonore répété trois fois, une marche d’escalier, une photo délavée, une porte claquée à l’heure de son goûter, un rayon de soleil sur sa jupe en laine, un pied devant l’autre jusqu’à la boite aux lettres, un rami entre copains, un café au lait en guise de repas, une grenouille sous le lavoir, un marcel propre jusqu’à la mort, un voisin qui disparait, un figuier qu’il a coupé par paresse, un murier qu’il a coupé par paresse, une voisine à l’EHPAD, un gazon empoisonné, un citronnier survivant, un rouge-gorge, un fauteuil médicalisé, une montagne de couches dans l’armoire
D’autres qu’eux entre les murs, aujourd’hui, ouvrent et ferment les volets.
Parfois dire le paquet de mélancolie permet l éclosion d autres paquets!🙃🙃🙃
Très très beau ce pêle-mêle, Merci !
M’apparaissent les maisons de mes grand-mères en lisant ce texte avec le boisseau d’objets et de souvenirs qui s’y rattachent. merci. J’aime particulièrement la dernière phrase.
Merci pour toute cette tendresse