Devant
La terre battue sauf sous le bahut, des étagères, des cageots entassés, une petite ouverture qui donne sur l’escalier, la porte avec un clou pour l’ouvrir. C’est rempli de bonbonnes et de bouteilles, la plupart vides. Sur une table : des cartons.
Glaces à l’eau qu’on appelle sucettes ou fusées. Elles sont nappées à leur sommet de faux chocolat et l’on peine à savoir, entre le blanc, du rose et du orange, quel goût correspond à quelle couleur. On commence par lécher le haut puis on croque. Le orange, c’est sans doute goût orange, mais il n’y a pas de trace de fruit dans ces glaces.
Un short très court qu’on appelle cuissettes. Les jambes en allumettes, très blanches, en sortent d’autant plus maigrelettes qu’on flotte un peu dedans. Le tissu est léger, on ne porte ce genre de choses qu’au cœur de l’été. Quand la glace coule, c’est sur les genoux nus : ça salit moins.
Derrière
Le plafond est bas et ça ne s’allume qu’au-dessus du buffet. Le tonneau n’a pas bougé mais il ne sent plus. Le chauffe-eau fait du bruit. Des tuyaux de toute sorte s’enfoncent dans le mur. Trainent encore quelques machines à traire et des pots de géraniums laissés là pour l’hiver.
Confitures en pot avec étiquettes collées sur chaque pot : gelée de coings 2023, abricot 2020, fraise-rhubarbe 2025, pruneau 2006 (la date n’a pas été changée). On a besoin de force pour ouvrir. On glisse la lame d’un couteau pour faire sortir l’air. Puis il faut faire attention à ce que les fruits coupés grossièrement ne tombent pas de la tartine.
Une robe à fleur et un tablier. Les fleurs ressemblent à des edelweiss mal dessinés. Le tablier est uni, d’un bleu un peu plus foncé que celui de la robe. C’est une robe qu’on met pour se pencher dans le jardin et pour qu’on ne voit pas trop la poussière quand on remonte de la cave.