#rectoverso #09 | pain café bonbon eau de vie

Le four à pain prenait presque toute la place, dans un angle de la maison. Ce n’était pas vraiment une cuisine parce qu’on cuisait la nourriture dans l’autre pièce, où il y avait la cheminée. Chaque famille cuisait son pain et avait son propre four. On le préparait une fois par mois. Il était un peu dur, on l’accommodait en pain perdu. Ça, c’était bon.

On jouait aux cartes, à la manille et à la belote, pendant les veillées. On se retrouvait chez les uns et les autres, près du feu, autour de la table. À 22 heures, on buvait un café au lait. On le préparait avec de la chicorée. Ça, je m’en souviens.

Le jeudi après-midi, il n’y avait pas classe, on se retrouvait chez la vieille Clémentine. Elle était sourde. Elle m’a appris à tricoter. Elle s’endormait près du feu ; on lui piquait des bonbons. Puis on soufflait sous ses robes avec le soufflet. C’était drôle. On ne le faisait pas par méchanceté. On fumait du foin qu’on roulait dans du papier journal. Elle le sentait ; elle ne disait rien.

Dans les prés, les vaches mangeaient n’importe quelles herbes. Parfois elle gonflait. On leur mettait une banche de frêne à ruminer pour qu’elle dégonfle. Pour les aider à digérer, on pouvait aussi leur donner du café avec de l’eau de vie. On préparait l’eau de vie pour les jours de fête. On en a plein la cave encore aujourd’hui. Je ne sais pas ce qu’on va en faire.

A propos de Olivia Scélo

Enseignante. Bordeaux. À la recherche d'une gymnastique régulière d'écriture.

3 commentaires à propos de “#rectoverso #09 | pain café bonbon eau de vie”

  1. J’aime la simplicité (apparente simplicité) de la chute de chaque fragment. Le rythme du texte.

  2. « pain café bonbon eau de vie » comme on dirait papier caillou ciseau. On sautille d’une fragment l’autre. Avec simplicité. C’est comme ça. Merci.

  3. oui, simplicité qui vient du témoignage presque brut que je transcris, et qui m’aide à trouver ce que je cherche !