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RECTO

L’étang du parc des Buttes Chaumont est un lac artificiel d’environ 1,5 hectare de forme presque circulaire, au centre trône la petite île du Belvédère, une colline rocheuse reconstituée, inspirée parait-il des falaises d’Étretat, avec au sommet un kiosque néoclassique surmonté du Temple de la Sibylle. Sur ses berges une grande diversité botanique : fougères, iris des marais, sophora pleureur, platanes, ginkos et une faune prolifique : canards, poules d’eau, héron, bernaches, poissons divers (carpes, goujons). Lieu de détente idéal pour la pêche, la promenade le pique nique, la sieste en plein air.

Wagon du train Transilien R en direction de Fontainebleau, les sièges sont colorés : orange violet gris vert, avec une coque dure mais un bon maintien dorsal. Leur disposition est régulière : trois sièges d’un côté, deux de l’autre. Grandes Baies vitrées panoramiques du bas jusqu’au plafond, beaucoup de lumière naturelle. Des emplacements pour les vélos : trois par rame. Quelques caméras de video-surveillance, des écrans pour afficher le trajet et les gares desservies. Climatisation régulée, double vitrage : grand confort. 

Une route du Yorkshire dans un tableau de David Hockney. C’est comme un ruban qui serpente entre les collines, sinueuse elle ondule, violette, rose, bleu lavande ou jaune paille, ce n’est pas une portion d’asphalte c’est plutôt un invitation à marcher dans la couleur. Aucune voiture. La lumière est partout, pas d’ombres tristes, tout est affirmé, énergique. Chaque élément alentour est cerné, net, précis, comme découpé dans du papier coloré. Les découpes de Matisse ne sont pas loin. 

VERSO

Dans le train en direction de Fontainebleau, j’ai pris place près de la fenêtre, côté soleil. Derrière moi une bande de jeunes rient fort et parlent couleurs, ça m’intéresse, je tends l’oreille, enfin façon de parler car ils parlent bien assez fort. Pas de provocation juste de l’enthousiasme : « Tu vois chez Hockney c’est comme si la route voulait te bouffer les yeux » « Ouais mais carrément, c’est ouf on dirait qu’il repeint l’Angleterre avec des feutres fluo ». Je pense « c’est dingue ils ont vu la même expo que moi à la Fondation Vuitton », je me retourne discrètement, effectivement j’aperçois des posters roulés dans leur sacs à dos et j’ai l’impression de reconnaître une des filles. Ils et elles sont intarissables et ça claque des mots « perspectives décalées », « lumière folle », « c’est pas une route c’est un délire psychédélique ». Je souris. Devant moi une famille plus clame, les 2 enfants prennent leur gouter et parlent avec leurs parents de la bonne journée passée au Buttes Chaumont : « Moi ce que j’ai préféré c’est quand les canards sont venus tout prés pour chercher du pain », « Moi c’est quand le héron a péché un poisson », « Et vous vous rappelez dans la grotte ? Vous avez eu peur hein ? » « Non, c’est Emma qui criait », « oui, bah toi tu n’avançais plus quand on était sur la passerelle qui bouge, t’étais bloqué….». Derrière ça parle tableau, devant ça parle nature, et moi je regarde par la vitre, le paysage défile, vert brun un peu flou, en moi les sensations, les émotions voltigent, je me laisse bercer, je m’assoupis.