
Recto | Le moment du mot
quelque chose –
ombre ?
jour ?
ne sais encore
hésite
(pourquoi un mot plutôt qu’un autre ? Pourquoi ombre ? Pourquoi ? A sa place, aurais pu choisir, ne sais, ou ne pas écrire mais)
faut-il que le jour finisse ?
rien ne presse
attendre dans l’ombre
que vienne ou ne vienne pas
la phrase
attendre
(et pour cela des mots, dresser des listes de mots, choisir ou ne pas choisir d’écrire ombre plutôt que nuit par exemple ou voile ou quelque chose comme – une texture ? – ne sais pas)
attendre
la phrase
attendre
le moment
où la phrase
soudain
s’étire
quand derrière l’ombre
un rideau d’ombre encore
soulève un voile d’ombre
mais
faut-il que le jour finisse ?
(et l’ombre ?)
attendre
encore
que vienne ou ne vienne pas
le mot
(tapi dans l’ombre
attend)
le mot
ciel
dans un moment peut-être
au crépuscule
attend que
vienne ou ne vienne pas
le moment
du mot
et la terre ?
cime au ciel
caresse les nuages
que vienne donc
le mot
ciel
et les arbres caressant de leur cime les nuages
là-haut
que serions-nous sans la terre ?
et le ciel ?
et la cime des mots ?
les nuages dans le jour finissant ?
quand une main
errante
une main peut-être
d’ombre
subreptice
sur une épaule
sous le ciel
les nuages
dans l’ombre
tandis que
la main
effleure
le lointain
du mot
Quand soudain, quelque chose, une ombre dans le jour finissant, oui, dans ce moment crépusculaire où tout, le ciel, la terre, la cime des arbres, les nuages, semble basculer dans les limbes, une main furtive se pose sur son épaule, un souffle l’effleure. Un lointain je suis là. (extrait de la proposition #7)

Verso | Vagues, perpétuellement
Ballet nonchalant des eaux lointaines au rythme des phases de la Lune (extrait de la proposition #5)
Voix 1 : Que vois-tu ?
Voix 2 : Le mouvement des vagues s’échouant sur la grève comme un ballet, perpétuellement.
Voix 3 : La Lune et sa face cachée comme un point dans la nuit.
Ensemble : Dans le lointain de l’azur sous les vagues, le sable des mots.
Voix 1 : Qu’entends-tu ?
Voix 2 : Le grondement sourd des vagues au miroir de la Lune.
Voix 3 : Le clapotis des mots.
Ensemble : La rumeur des eaux lointaines dans l’azur.
Voix 1 : Que sens-tu ?
Voix 2 : Un frisson dans le dos des mots.
Voix 3 : Comme un frémissement des eaux sous le temps.
Ensemble : Le cœur battant des mots au rythme de la Lune.
En ce soir d’orage où je me trouve j’ai été happée par les mots et les ombres … j’en ai fait une lecture à haute voix mais je ne peux la glisser sur ce commentaire… merci pour ce texte qui, je ne saurai dire pourquoi, m’a touchée.
Quelle belle surprise pour moi, si peu sûr de ma contribution à cette proposition #13 qui m’a donné beaucoup de mal. J’ai raté le verso c’est clair et je crois savoir pourquoi. Il faudra recommencer. Votre lecture à voix haute ? Et si vous me l’adressiez, je pourrais la placer en amont du texte. Ce serait un vrai partage, une vraie confrontation. Qu’en pensez-vous ? Mon mail : sergebonnery@gmail.com A vous de voir. Merci !
Texte splendide… à commencer par les deux titres « Le moment du mot » et « Vagues, perpétuellement ». J’ai aussi été très sensible à cette attente, à cette attention au présent dans le recto.