#rectoverso #13 | un don

Sa façon de transformer le peu en grâce

une légèreté
quelque chose qu’on ne sait pas nommer
des gestes mesurés

le tissu qui sait l’histoire des épaules 

les marches comptées

donner au peu
la taille exacte 
d’une grâce

il faut les faire tenir dans la même phrase

l’éclat d’un verre fêlé qui attrape le soleil
mieux que les autres

le menton qui ne cède pas

la pauvreté était déjà une forme
 et le reste n’était qu’une question de lumière

un don

Je me demande que faire d’un souvenir qui n’est pas tout à fait le mien

Voix 1

Est-ce qu’on le rend à celui qui l’a perdu ?

Voix 2

Pas tout à fait le mien, ça veut dire quoi ?

Voix 3


Il y a des souvenirs qui se glissent dans les rêves, vous réveillent en sueur.
Et le matin, vous croyez qu’ils sont à vous.



Tous


Une lumière à la marge un corps absent un visage effacé une voix emportée



Voix 1

Que faire ? Le nommer ? L’habiter, malgré tout ?

Voix 2

Je me demande — un souvenir… qui invente ?

Voix 3
Et si ce souvenir je l’avais porté plus longtemps que toi-même ? Alors… est-ce qu’il ne serait pas devenu mien ?

Tous
Ce n’est pas à elle, mais elle en est l’ombre, la voix en creux.

Voix 2

Je me demande — que faire d’un souvenir qui ne porte pas son nom ?

Voix 1

On peut vivre avec.

Voix 3

Peut-être est-il un éclat prêté à la nuit, une force fragile qui habite l’oubli.

Tous

Ce n’est pas à elle, mais c’est par elle que cela respire

Tous, murmurant

Le souvenir n’est pas un trésor, peut être un territoire en suspens.

Une frontière mouvante entre soi et l’autre.

Habiter la frontière, être à la fois le fantôme et le vivant, la mémoire et son oubli.

A propos de Caroline Diaz

Née un 1er janvier à Alger, enfant voyageuse malgré moi. Formée à la couleur et au motif, plusieurs participations à la revue D’ici là. Je commence à écrire en 2018 en menant un travail à partir de photographies de mon père disparu, aujourd'hui c'est un livre, Comanche. https://lesheurescreuses.net/

7 commentaires à propos de “#rectoverso #13 | un don”

  1. « 
le tissu qui sait l’histoire des épaules 
 »

    « Je me demande — que faire d’un souvenir qui ne porte pas son nom ? »

    et avancer toujours plus en dedans

  2. magnifique, le dépli du souvenir à travers les voix, je note comme Nathalie H : « Je me demande — que faire d’un souvenir qui ne porte pas son nom ? »
    et l’idée du choeur qui est toutes les voix et qui leur répond