#rectoverso #14 | Cénaclières, lacunaires & abruptes archives de nous-mêmes

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#14 | Cénaclières, lacunaires & abruptes archives de nous-mêmes

Comme dans chacun de nos cycles été, à la fin (l’ensemble de ces propositions pourrait définir un cycle en soi!), la tentative de transformer ce qui s’est écrit en démarche projective, tout en conservant le côté lacunaire, ouvrir aux possibles sans trahir la fragilité de ce qui s’est écrit.

Je voudrais m’appuyer pour cela sur une réalisation très récente. Ça s’appelle Les Cénaclières, c’est un livre grand format paru aux éditions Abrüpt, et selon les règles de cette maison sans doute la plus audacieuse parmi les démarches d’aujourd’hui: le livre imprimé disponible à l’achat bien sûr, mais son PDF intégral est en accès libre. Une version site dans laquelle on navigue, tout aussi librement, à la façon d’un jeu vidéo, et une version vous permettant d‘accéder directement au code de l’ensemble.

De quoi s’agit-il ? On est au XXXIème siècle, et un collectif, du nom de «Nor Do» constitue les archives depuis le milieu du XIXe siècle des collectifs d’écriture féministes. Cela veut dire que ce qui est décrit dans la première partie est dûment vérifiable. Peut-être dans la deuxième série plus nettement déjà basé sur la fiction. La troisième partie est emblématique, parce qu’incluant notre propre moment biographique. Les trois suivantes énoncées depuis un futur lointain, mais concernant des périodes qui restent encore pour nous un futur.

L’ensemble est, selon l’éditeur, traduit par Marie-Anaïs Guégan et Romain Lossec, vous les retrouverez tous les deux aisément sur le web, le fait que M-A. Guégan vienne de soutenir une thèse sur les forums php du web d’il y a 20 ans n’a sans doute rien à voir avec sa présence ici. C’est déjà un jeu de pistes ? C’est déjà un jeu de piste.

L’enjeu pour nous ? Eh bien, mode d’emploi en recto et verso.

1 _ recto

Les Cénaclières se présente en six partie, plus une préface et un exeat («Les isolées», qui serait en soi une proposition).

Chacune de ces six parties se divise en sept rubriques, dont : période, figures majeures de la période, courants esthétiques et idéologiques, événements marquants, œuvres principales ou travaux en chantier dans la période, épicentres géographiques (lieux) et une bibliographie — laissons la biblio, autre strate de miroitements où la démarche universitaire même se fait fiction volodinienne, il nous reste six rubriques.

Si fois six trente-six, tentez de tout retrouver, mais pas forcé de tout publier.

2 _ verso

Selon le principe des Cénaclières, des six «périodes», une ou plusieurs sont révolues, une seule est à cheval sur le présent (mais c’est celle dans laquelle vous avez rédigé vos treize contributions précédentes), une ou plusieurs sont futures, même si énoncées depuis un futur bien plus lointain.

Qui raconte ? Volons-leur l’appellation collective de ce «Nor Do». Ça importe peu (sauf que l’explosion en vol du statut symbolique de l’hécrivain, l’émergence web des collectifs et pseudos, si). Vous n’êtes que le rédacteur, ou la rédactrice. Langue neutre, mais parce qu’objective.

Vous vous saisissez d’une de ces périodes, probablement celle en cours, pas forcément.

Ensuite, c’est encore Les Cénaclières qui nous montre la voix : de brèves notices sur tels personnages, de brefs extraits de textes, des commentaires en marge, iconographie si vous voulez, détails biographiques, extraits de correspondance, arbres de présences Internet (comme le jeu de piste mentionné ci-dessus).

Et on y sera.

Se dire aussi que c’est une préparation active à la #15 qui arrive.

Profitez de la générosité de l’éditeur, proposant résolument ses contenus de façon libre (voir sur le PDF, ou dans le livre, sa «licence créative». Achetez ou offrez le livre (offrez-le sans rien raconter de tout ça, vous verrez…), ou explorez d’autres des livres et auteurs Abrüpt, par exemple Joachim Séné (à qui nous sommes redevables de l’entretien de cette plateforme) et de Christine Jeanney…