Je connais les brins de nuages qui survolent les grands déserts en douce. Je connais les abris pourfendus sans possibilité aucune de rejoindre une réalité. Enfouis ces refuges sous l’épaisse et gluante couche de l’oubli. Je connais des dents modelées pour la mastication des soupirs persistants. Et je croise, de longue, les vents épars qui froissent les cheveux et moutonnent l’équilibre des jambes. Comme ces mikado qui s’affrontent. Leur tige, vent debout, cherche une cale et l’incessant ballet sur le sol terreux s’ébroue comme rêve incliné.
1
Quel est ton regard ? Celui que tu envisages.
Quelle est ton écoute ? Celle de mon ombre.
Quelle est ta respiration ? Celle d’un lien.
Quelle est ton espérance ? Celle d’une force vive.
Quelle est ta chance ? Celle de nos errances.
Quelle sera ta mort ? Celle de ma renaissance.
Ma question n’est pas que Veux-tu mais Qu’as-tu ?
Ce que tu as n’est autre que l’envie d’une vie.
A toi-même, ne demande pas Qui tu es mais Que peux-tu ?
2
Oui. Commencer
S’y risquer quitte à ne pas être dans le vrai de son propre visage
Vouloir. Croire que l’on saura, presque parfaitement centrer œil et bouche
Savoir que c’est impossible mais le tenter quand même.
L’eau renverse l’image. Les arbres étincellent. Ça tient comme en suspens ce rideau d’arbres parsemé de trous bleus. Ce lustre tout en brindilles laisse échapper des soupirs d’aise à chaque balancement. Comme une couture, le vent épais module le cheminement des bleus. J’avais peur qu’on m’oublie quelque part c’est vrai. Arrivent confusément et baignés dans une lumière blanche, l’orangé teinté de rouge des géraniums sur le bord de la fenêtre. Ces traces-là, seulement. Et puis, faut dire, les morts n’ont plus du tout d’yeux ni d’oreilles ni de souvenirs ni de mémoires. Et ils font semblant d’être.
« J’avais peur qu’on m’oublie quelque part c’est vrai »
….ces mots au milieu des arbres et des géraniums….dans une lumière blanche qui pourrait étinceler et faire briller ce qu’il y a avant pendant après cet peur de l’oubli
grand merci.
Merci beaucoup Eve.
Un peu plombant mon texte… mais bon, il est venu comme ça.
« J’avais peur qu’on m’oublie quelque part c’est vrai » Voilà sur cette phrase nous attrape … ( une quête, une marche vers soi, une façon de s’interroger au miroir d’eau ? Et puis ces morts qui font semblant d’être : me laisse bercer par l’étrangeté )
Tête à l’endroit/Tête à l’envers si pas trop d’accroches pour les pieds. Etrange sans doute. Merci de ton passage Nathalie