#rectoverso#01 Sous un soleil de plomb

Lundi matin, il fait chaud,au numéro 4 de la rue au nom d’un exploitant viticole bien connu dans la région, le bâtiment à 4 étages, se dresse avec sa façade blanche, plus très blanche d’ailleurs plutôt grise, quelques touches de bleus entourent les portes vitrées qui mènent à l’intérieur. Deux plaques, qui permettent à ceux qui s’y rendent de se situer, 3 étages pour une école de travail social, un étage pour les addictions. Le cendrier accroché sur le mur déborde, fumeurs et fumeuses en tous genre sont passés par là, un groupe de fumeurs discutent sur le trottoir où des passants pressés rejoignent leur domicile proche ou le mini carrefour du coin, une étudiante isolée est adossée au mur, cigarette à la main, elle a la jambe gauche pliée le pied appuyé sur la facade pour garder un point d’appui, le regard rivé sur son portable, elle ne voit personne.

Mardi après midi, sous une chaleur de plomb, elle se gare sur le parking, un homme adossé à l’ombre d’un bâtiment la regarde, est il perdu ? sans domicile ? Pas un seul arbre, elle semble perdue, cherche un lieu, à proximité se trouve des tobaggans, des balançoires, plutôt une aire de jeux désertée, le cagnard est au plus chaud. Une femme se dirige vers une entrée, elle l’interpelle, elle lui indique de la main la direction à prendre, elle traverse l’asphalte brûlante déjà accablée par la chaleur, et se dirige vers un batiment plus loin, aux vitres teintées

Jeudi, la température est toujours à son maximum, le long d’une allée dans un lieu emblématique de la ville, ancienne usine à fils, rue des brodeuses, bâtiment 75, la façade comme tous les autres bâtiments sur le site est d’origine, mur en briques rouges, vieilles et grandes fenêtres mal isolées, les bâtiments se côtoient, entre les murs, l’histoire se murmure, aujourd’hui d’autres activités, les brodeuses, les fileuses, les faiseuses de col, toutes ces ouvrières qui oeuvraient ont laissé la place aux 140 artistes installés dans des ateliers

Il est l’heure, l’artiste arrive, aujourd’hui elle transmet, sa chevelure frisée entoure son visage de madone, elle porte une jupe légère et colorée, en soie dit elle, elle vient les chercher, ils gravissent le grand escalier en pierre ancienne, devant la porte sécurisée, elle passe la carte, la porte s’ouvre sur un long couloir éclairé par des ampoules, peu de mots sont échangés, à gauche des portes fermées, plus loin un atelier ouvert sur un canapé, un homme est allongé, ils avancent jusqu’au bout du long couloir, sur un mur immense, une fresque, fond noir sur laquelle des animaux dessinés à la craie blanche émergent, éclairés dans la nuit noire, illusion du réel.

A propos de Caroline Burgy

Lire, écrire, faire écrire, trois mots, marqueurs de ma vie, animatrice d'ateliers d'écriture, ils ont jalonné ma vie depuis quelques années, des rencontres avec quelques passeurs m’ont donné l’occasion de soutenir cette place avec les autres. Marguerite Duras écrivait "l'écriture c'est l'inconnu. Avant d'écrire on ne sait pas ce qu'on va écrire..." sans doute suis je portée par cette part d'inconnu à découvrir au fil du temps...

3 commentaires à propos de “#rectoverso#01 Sous un soleil de plomb”

  1.  »un homme est allongé, ils avancent jusqu’au bout du long couloir, sur un mur immense, une fresque, fond noir sur laquelle des animaux dessinés à la craie blanche émergent, éclairés dans la nuit noire, illusion du réel ».
    Merci pour votre texte construit en strates de poésie réaliste et son contraire.
    A bientôt.

  2. Bonjour Caroline,
    Début bien posé ! On « mesure » dans vos mots les espace du lieu et des présences, de façon très imagée.
    Bonne suite
    Catherine S