des moments comme des taches, taches de vins comme les traces bleues ou noires que les doigts font sur la peau serrée bien trop fort pour si peu comme taches de boue sur les vêtements de ceux qui ne peuvent faire que marcher comme tache de sang dans les draps du mariage royal ou de ceux souillées que les femmes s’échangent autour d’une bassine chaude, comme traces des larmes sous les yeux de la femme qui s’en va, de la fille qui sera encore là,
Et là, juste là vous vous arrêteriez ?
comme tâches à faire et ordre à donner, à hurler , comme taches de l’encre des lettres écrites sous trop de pluie, tellement de pluie ici comme taches dans l’eau, figures sombres mouvement du vent, ennemis enfouis ou milles poissons s’enfuyant toujours sans que l’on ai pu en prendre un comme taches couleur lait caillé de ce que l’estomac vide recrache pour faire de la place au rien comme taches disparues grande trainées d’eau sur le marbre fraichement lavé comme taches du cuir des bottes noircies par trop de marche dans l’eau et un jour plus de bottes à porter ; taches de vide dans les couloirs des palais de l’Italie ; taches de boue, de tourbe jusque dans mon nez et les chevaux qui s’enfuyaient ; Benbecula et South UIst ; O’Neil, Sullivan et Mc Leod, et des taches rouges comme plaques cloquées de la main plongée dans le blanc brulant de la bouillie sur le feu et taches de la nuit le long des murs dans ses pas pour trouver les petits cabinets froids et libérer l’urine fumante ailleurs que dans les draps ; et taches plutôt sillons dans les bruyères, sillons que l’on perd toujours rhizomes fous qui vous font perdre le temps et la tête ; taches de vent dans les oreilles à trop avoir hurlé, du vent et encore du vent, c’est un pays de vent, un vent à dévisser la tête des mendiants ; taches des corps étendus pour sommeils de fortunes portes dégondées, lits de bruyères, grottes ensablées et encore tache, le blanc de la peau des filles Boisdal sous les draps rêches ; taches de lumières et reflets de chanson dans les fond de whisky, taches visqueuses des froids poissons morts contre mon ventre, des heures de rochers creux où attendre la nuit pour partir ; taches aussi les îles qui apparaissent et disparaissent au gré de la marée qui protège les passages ; taches de silence dans la maison des enfants et des femmes corps houspillé, cheveux dans la poussière, mains et gorges retenues par un lacet alors que dehors danse la tache orange du bateau qui prend feu la nuit sur le loch ; Barra ; Calvay ; taches rouges du vin sur les nappes délicates au crochet, tâches du lait régurgité sur les habits de nuits, traces de vin sur le palais de l’enfant, dans la gorge de l’homme maintenant
Et là, juste là, vous vous arrêteriez?
avec ce manque d’ambition, vous ne seriez jamais devenu un grand général
merci Line pour m’avoir embarqué avec rythme dans une épaisseur d’histoire avec ses décors, sa brutalité, son jeu des tâches qui viennent projectives sur notre scène mentale… puissant.
Ça arrache et c’est puissant !
Quel courant, un flux qui emporte et oui, pourrait déplier déplier déplier les fictions
ce déluge de taches swingue fort, très réussi
« des moments comme des taches » et tout s’enchaîne d’une tache l’autre. J’ai bien aimé comment les taches de vin sur la nappe de la fin répondent aux taches de vin sur la peau du début. Comme si la boucle était bouclée. Et la question reste posée.