Et j’ai vu dans la pièce les hommes en retrait ou attablés, leurs visages concentrés pour écouter cette voix qui ne parlait pas même la langue d’ici, j’ai vu le visage défait et les vêtements arrachés de l’homme derrière qui tous s’étaient rangés. J’ai vu ce qui ne peut être compris, comment des hommes qui ont déjà tout perdu dans une guerre qui n’est pas la leur reprennent à l’écoute de mots mal prononcés une ardeur. Et j’ai su que j’allais l’accompagner pour ne plus jamais le quitter
Et j’ai vu qu’il rentrait sans avoir fait attention à qui il était, à son nom, ses noms d’ici qui roulent comme les chevaux tempêtent, je l’ai vu sans le voir, prendre place dans un coin que d’autres auraient dit noir, presque pour s’effacer et se faire oublier, j’ai vu que je ne l’avais pas vu et que c’était un homme comme ça qu’il fallait avec soi avoir, un homme qu’on ne pouvait pas voir même s’il lui venait l’idée de planter son buste devant votre gueuloir. Et j’ai su que c’était lui que j’allais choisir pour m’accompagner
Merci pour votre très bel article.
J’ai vu que je ne l’avais pas vu et que c’était un homme comme ça qu’il fallait avec soi avoir un homme qu’on ne pouvait pas voir…
Superbe. Mille mercis pour votre écriture que je découvre.
Bonne journée
Martine Lyne.