#histoire #09 | Voyage en caniveau

Du bas de la rue Sainte-Hélène, on voit les dernières lueurs du soir qui accrochent des luisances libérées par la borne à eau fraîchement utilisée tout là-haut. C’est l’heure où des éclats de voix jaillissent parfois sans prévenir de la porte du café. Il vaut mieux se tenir en face, là où le caniveau s’évase et où s’accumule la mousse. Est-ce de trop de bière versée ou que la patronne pressée a commencé à nettoyer les verres avec le produit qu’il faut pour faire propre ? En tout cas, on peut s’amuser à remonter le caniveau en raclant du pied de gros flocons blancs…

Les contrevents de certaines maisons sont déjà fermés, on peut glisser une main sur la façade continue avec juste le resaut du bois et son contact plus doux que celui du crépis. A mesure que la rue s’élève, le caniveau s’assèche, les pieds ne glissent plus autant. Heureusement, la rue Sainte-Hélène croise la rue Rossignol. Ça fait un peu lever la tête, l’espoir d’un chant d’oiseau.

Parfois, ça claque, un nouveau contrevent se ferme, parfois il y a évacuation d’un évier dans la rue, avec un bruit fort et rafraîchissant et puis ça coule pour un moment de nouveau dans le caniveau, on peut s’en faire un petit tremplin à glisser au long d’une ou deux façades au moins avant que ça freine de nouveau. Rue du réservoir. Comment fait-on pour accumuler de l’eau tout en haut ? Au long du caniveau, il n’y a que de l’eau qui roule. Et pourtant, là-haut, la borne aussi.

Une réponse à “#histoire #09 | Voyage en caniveau”

  1. C’est très joli, ce segment de phrase: « Ça fait un peu lever la tête, l’espoir d’un chant d’oiseau. »
    J’aime la simplicité du texte, les phrases courtes, quelque chose qui percute, un peu sec.

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