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Ikea rideau rouge

Il me semble que la dernière fois ou l’avant-dernière fois (pas compliqué, puisque là c’est la troisième, avant on était au Québec et avant ce n’était pas construit), j’avais peut-être déjà photographié avec mon téléphone ces rideaux rouges, et peut-être même déjà fait un billet ici dans le site à ce propos. Pour les images, trop difficile et bazareux de chercher. Pour le site, il y a longtemps que je me suis dit qu’il faudrait le faire, mais comme une part conséquente des billets ici concerne Tours et sa région, le moteur de recherche est un peu émoussé. M’en suis souvent aperçu : pas de mémoire orale de ce que j’ai écrit, mais si je me remets à l’écrire, ça va me revenir exactement, parfois au mot près, je l’ai souvent vérifié le mois dernier avec la bio Stones. Donc peut-être j’aurais un truc du genre : curieux ces magasins qui, dans l’idée de la maison, la scénarisent avec des variations (je crois que j’ai aussi fait un billet sur une suite de chambres à coucher dans un magasin de Bruxelles). Chez Ikéa, ça inclut des livres non factices et des écrans plats factices. Les familles viennent comme à l’expo (c’en est une). On vous canalise à sens unique, et impossible de ne pas tout voir, et en bas c’est le capharnaüm des trucs dont on a toujours besoin. Mais ce moment des rideaux est une exception, écrivais-je peut-être dans ce billet dont je ne sais pas s’il existe et qu’alors je refais (ou bien qui n’a pas existé, mais qui aurait pu s’écrire ainsi, comme je l’écris aujourd’hui). Il n’y a rien à scénographier, la fenêtre est absente, et ce sont les deux rideaux rouges et lourds du théâtre. Soudain, donc, on vous propose une scène. De jouer là. Et la représentation serait cette prise de parole que vous feriez, ou peut-être rien, la possibilité seulement que vous preniez parole, et ce qui alors serait proféré. Peut-être je devrais acheter à Ikea non pas le rideau, mais le dispositif entier. Puis le promener avec moi, lentement, sur des roulettes, comme les gens du quartier promènent leur vieux chien. Puis de temps en temps m’installer sous le double rideau, et vite noter la phrase que j’aurais eu envie de proférer, qui n’a surgi que par le dispositif à rideaux, et de le promener ainsi dans la ville. Je n’ai aucune idée de si j’ai photographié ou pas, avec mon téléphone, lors d’une de mes deux précédentes venues à Ikea, le dispositif à rideaux rouges (ou alors c’était à Bruxelles ?) Mais je suis sûr, confronté à lui déjà au moins une fois, d’avoir eu la pulsion de le faire.


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 23 août 2012
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