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tristesse du livre

Finalement, ce qui me mettrait le plus en rage (en même temps que, sans s’affaiblir, c’est comme s’il s’agissait de plus en plus d’un pays lointain, qui ne me concerne pas), c’est comment ceux qui étaient les acteurs principaux dans ce qu’on avait de meilleur, le livre, l’édition, s’enferment eux-même dans leur château ouaté et de plus en plus désert, à force de ce vocabulaire se méfier, empêcher, protéger, compliqué etc... Les universités qui font semblant massivement de ne rien voir, et surtout pas là où leurs propres étudiants avancent dans le langage, sans compter l’aveuglement intellectuel : le texte comme s’il existait historiquement hors de son contexte de reproduction et diffusion. On entend distinctement les scies circulaires qui rongent à l’intérieur : la presse et les journaux qui ne font que parler d’Internet comme s’ils ne trouvaient rien de mieux que creuser encore plus vite leur propre tombe (heureusement, il y a ceux qui prennent pied dans le continent neuf, Rue89, Mediapart, le nouveau Libé), et la recomposition interne de ce que propose le monde de l’édition, pour arriver à garder une enveloppe globale stable : effondrement justement de ce qui faisait le plaisir des librairies, les découvertes aux petites maisons, aux collections, aux revues. Bon, pendant ces 2 ou 3 ans c’est comme si on s’était usé à taper sur des murs : ils ne voulaient pas entendre. Maintenant, le plaisir du neuf, de l’échange, du furetage, et progressivement la densité éditoriale même c’est de notre côté. Alors oui, regrets à ce monde qui s’efface, et tous ces copains de 20 ans qui ne prennent même plus contact, accrochés qu’ils doivent être à leur idée d’un monde en survie, victime du méchant Internet, au lieu de nous rejoindre où ça se bagarre, résiste, invente. Cette fois on y est, dans le virage : une journée de bilan, factures, paiements pour publie.net – le moral est bon, on tient, on avance, on continue. And the hell of the rest. (Photo : Hans Christian Andersen, bronze, Central Park.)


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 19 décembre 2009
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