pourquoi publie.net

entretien avec Louis Imbert pour La Croix, et préambule sur les contrats d’édition numérique


En préambule, une question sur les droits numériques : le fichier numérique, juridiquement, ne devient livre que lorsqu’il est imprimé (voir en particulier récente intervention d’Alain Absire dans Le Monde [1]). Cela entraîne qu’il n’est soumis ni au dépôt légal ni à l’ISBN, avec dommages probables pour la mémoire collective ou l’archivage [2].

On sait que, dans les contrats d’édition standards, les droits d’auteur sont fixés à 10 ou 11% du prix hors taxe, évoluant jusque vers 14% à mesure des tirages. Nous touchons un pourcentage de 5% sur les livres de poche.
Les droits d’adaptation cinématographique font l’objet d’un contrat à part, que l’auteur n’est pas contraint de signer. Mais les droits dérivés, les droits « non livre », adaptation théâtrale, et surtout traductions, sont toujours fixés moitié moitié.

Ceci parce que nos éditeurs nous proposent, ces jours-ci, massivement, des contrats pour « diffusion numérique de l’ouvrage », où bien sûr le mot livre n’est jamais prononcé, mais qui tente de faire passer l’idée de droits d’auteur à 10/11% comme le livre, et non pas 50% comme la traduction.

Appel aux auteurs : et s’il était urgent d’abord de temporiser ? Attendons prise de position SGDL . Pour l’instant tout ça est très mineur (quoique), mais va prendre progressivement une importance essentielle…

Je rappelle aussi, pour mémoire, qu’en Italie ou dans les autres pays, les contrats d’édition ne font pas d’exception au droit commercial et sont fixés à dix ans, et non pas pour jusqu’à 70 ans post-mortem – question qui avec le numérique revient au premier plan : parlez-en à vos éditeurs. Nous avons tous à gagner, eux et nous, à revenir à des contrats commerciaux à durée fixe et précise.

Ceci étant, mise en ligne, ci-dessous, d’un dialogue mail avec Louis Imbert, concernant publie.net, pour un dossier en préparation dans le journal La Croix, merci à eux.

Un entretien avec Louis Imbert (La Croix) à propos de publie.net

c’est la première fois que je suis amené à m’exprimer sur ce projet qui débute, alors merci spécial !

 

Vous précisez que ce projet n’est pas pour faire des sous : il s’agit plus d’un acte militant. Quelle cause ?
C’est quand même aborder la question par le petit bout de la lorgnette ! Je ne crois pas (on regardait ces jours-ci au Seuil comment se diffusaient la collection Ecrire de Jean Cayrol ou Tel Quel) ait tant varié. Mais nous sommes dans un contexte durci, grandes concentrations éditoriales, puissance des diffuseurs (POL et Verticales, par exemple, sont des filiales de Gallimard), et rôle de ce qu’on disait « avant-gardes », ou disons simplement recherche et expérimentation devenu quasi invisible dans les instances critiques principales. En complément, la surproduction éditoriale, les libraires noyés sous les cartons de retour. Les revues littéraires ont disparu, et celles qui naissent travaillent directement en ligne. L’autre versant, que je connais aussi en tant qu’éditeur, c’est le processus de validation symbolique auquel procède, pour un texte, le fait d’être accueilli dans une collection, et, très matériellement, le processus d’édition lui-même : correction, relectures, accompagnement, typographie et graphismes. Si la mutation numérique laisse cette instance se perdre, c’est les contenus eux-mêmes qu’on perd en partie. Reconstruire ces processus sur Internet ne nous laisse pas le choix : à nous de les transférer et de les inventer. Les éditeurs basculent massivement dans la numérisation, ça va évoluer très vite. Mais cette idée de « coopérative » publie.net est née d’abord d’utiliser le numérique pour rendre accessible nous-mêmes, auteurs, des contenus que ne peuvent pas prendre en charge nos éditeurs : essais, variations libres publiées en revues, formes brèves. C’est en appui à nos livres, c’est une proposition intellectuelle, esthétique. Cela coûte un peu, machines, serveurs, logiciels, mais si la question c’était de faire fortune on essayerait de vendre autre chose plutôt que nos textes !

Pourquoi est-ce une nécessité vitale, pour les écrivains, d’être présent sur Internet ? Pourquoi « dans deux ans, il sera trop tard » ?
Là vous me prenez en défaut : on ne peut pas être prédictif, sur Internet. Ça fait dix ans qu’on l’apprend. Le nouveau surgit toujours d’à côté d’où on l’attend. Mais, si les musiciens sont désormais tous présents sur le Net, et non pas seulement via les fiches de leurs maisons de disques, ce n’est pas le cas pour les écrivains. J’ai souvent tenté de les alerter. Voyez le catalogue Minuit ou le catalogue POL, et comptez combien d’auteurs ont leur site personnel… Pour nous, qui pratiquons le Net tous les jours, on ne se pose pas la question de cette nécessité – j’ai au contraire l’impression de retrouver ce qui faisait la peau vivante de la littérature jusqu’au début du 20ème : les échanges, les lectures en commun, la lecture à voix haute ou l’arrivée des images. Plus la capacité d’interagir avec le monde : on oublie combien, de Balzac à Zola, ou Maupassant, ou même Mallarmé quand il écrit sur le théâtre ou la mode, le rapport à l’esthétique de leur temps passe par l’intervention immédiate, les mains dans le cambouis du temps. Internet est aujourd’hui définitivement le lieu de cette interaction, on en a des exemples tous les jours. D’autre part, l’onde de choc qui a traversé la musique il y a 6 ou 8 ans a rejoint maintenant l’édition, la librairie, la littérature. Moi, c’est fini, je n’alerte plus. On veut bien aider, accueillir les amis auteurs dans nos sites. La nouvelle génération (voir magnifique articulation web et livre pour Philippe Vasset en septembre) l’a bien compris. Tant mieux pour ceux qui prennent pied : voir Eric Chevillard, ou même Michel Chaillou, à 76 ans, il n’est pas trop tard… J’ai peur, juste, qu’on assiste au remplacement d’une génération sans le virtuel par une génération avec. Et qu’on ne vienne pas nous opposer l’instance nécessaire de la solitude dans le travail : Samuel Beckett a écrit plus de 3000 lettres, en 5 langues. C’est cet espace-là, autour de l’œuvre, dialoguant avec elle, qu’Internet aurait magnifiquement accueilli. Qu’on déplace au passage la frontière public/privé, c’est autre chose.

Vous refusez la distinction lecture-plaisir (livre) et lecture-d’info (Internet), pouvez-vous éclaircir cette idée d’une lecture écran qui trouve peu à peu son propre temps ?
Il était rassurant de penser, il y a encore quelques mois, que les écrits techniques ou scientifiques basculeraient dans le numérique tandis que la littérature resterait à l’abri dans ses livres. Il y a 5 ans, je me servais de l’ordinateur pour le travail du texte en cours, et la correspondance e-mail, je lisais le Monde et Libération en ligne, mais cela ne m’empêchait pas d’acheter le journal papier. Depuis 2 ans, la hausse de qualité et de précision des contenus en ligne leur a fait prendre la première place. Donc, dans mon temps quotidien d’ordinateur, il y a le développement d’un temps de lecture-écran bien spécifique, en particulier via mon agrégateur Netvibes (ça aussi, immense étonnement à constater que relativement peu d’internautes utilisent un agrégateur). Je constate aussi, rencontrant beaucoup d’étudiants, combien le temps écran est devenu un temps social, images, audio (dont un vrai renouveau pour les émissions radio, France Culture ou Arte TV par exemple), et bien sûr le texte. Comment ne pas se dire que la littérature livre et la littérature numérique ne s’opposent pas, mais qu’il est de notre responsabilité d’insérer, dans cet espace seulement numérique, les enjeux esthétiques et les recherches qui sont les nôtres ? Ajoutons que le matériel évolue tellement vite, autonomie des batteries, confort des écrans, multiplication des supports, sans parler de ce qui s’annonce avec les tablettes numériques…

Que disent "les" libraires de votre projet ? Vous aviez déjà retiré de votre site tierslivre.net une libraire en ligne.
Depuis dix ans, via remue.net, puis tiers livre, je ou nous parlons de nos lectures, signalons l’intérêt de livres du domaine contemporain qui nous semblent être un peu trop « passés à l’as » dans le bruit général. Nous sommes tous des lecteurs assidus, familiers des librairies. Mais – je prends l’exemple l’an dernier de Fini mère, de Gérard Haller, lorsqu’on sait qu’un livre est mis en place à 160 exemplaires, comment ne pas souhaiter en rendre l’accès facile ? Pendant des années, nous avons demandé aux libraires de nous proposer un lien direct à leurs magasins alors que tous les media (et encore aujourd’hui, voir Nouvel Observateur ou Télérama) renvoient à la librairie froide, les grands sites de vente en ligne. Les libraires s’organisent pour cela, tant mieux. Mais aucun pour proposer encore des outils équivalents de prescription. Pour ce qui est de publie.net, cela ne les concerne pas, puisqu’il ne s’agit pas de matériaux relevant de l’édition. Par contre, ces textes et fichiers pourraient très facilement être diffusés via bornes numériques en librairie, comme nous travaillons à un site miroir disponible sur abonnement en facs et bibliothèques. Ou comment proposer des « bonus tracks », dossiers numériques d’accompagnement au livre : il y a des tas de pistes pour que les librairies, qui ne sont pas uniquement des lieux marchands, heureusement, mais des lieux de croisement, de rencontres, se saisissent des outils numériques, y compris commercialement.

Les lecteurs peuvent "forwarder" ces textes sans difficulté. Faites-vous simplement confiance ?
Ce n’est pas alors que la musique abandonne massivement les verrous drm que nous devrions, nous, perdre notre temps à les installer. Les éditeurs commerciaux préfèrent s’abstenir, ou retarder, parce que ces verrous n’ont jamais été fiables. Sur PDF on peut facilement les contourner, et il y a tout un lobbying pour promouvoir le format .prc (Mobipocket), qui lui est verrouillable, mais moyennant une régression typographique considérable. Quand nous achetons un livre, nous le prêtons, on le fait lire à notre entourage : qu’il en soit de même avec un fichier. Faire le pari, si le texte est intéressant, qu’il renverra le lecteur aux livres publiés, ou à d’autres lectures virtuelles. D’autre part, nous souhaitons travailler à des tarifs minimum (les formes brèves sont téléchargeables au prix d’un café au comptoir), et en redistribuant la moitié de la somme, moins la commission et taxe, directement à l’auteur. Là aussi, la musique nous donne l’exemple.. Et à nous de faire en sorte que le prix du téléchargement sur publie.net soit moins dissuasif que d’aller chercher Bernard Noël sur eMule… Enfin, nous avons une grande chance : si le texte est repris en publication ou sur un format de presse, s’il est lu en public ou adapté, les droits de l’auteur sont intacts, et les sociétés habituelles, SCAM, SACD, SOFIA, habilitées à les faire valoir. Profitons de cette faille : et merci à Balzac et Hugo, fondateurs du droit d’auteur, qui continue de s’exercer à plein.

A terme, l’idée est-elle de pousser d’autres auteurs à ouvrir leur atelier en ligne, à votre manière ? Vous vous sentiez seul ?
Je ne me suis jamais senti seul sur Internet. Si restreinte qu’elle était, dès 1996-1997, la petite communauté virtuelle était ouverte, partageuse. De nombreuses amitiés privées sont nées de ces relations virtuelles. C’est plutôt l’inverse, qui est curieux : du fait que nous sommes peu d’auteurs à être présents sur le Net, nos sites prennent une visibilité exagérée, alors que la dimension de recherche personnelle en est la première justification. On pourrait d’ailleurs renverser votre question : ceux qui sont familiers de l’Internet peuvent à vue de nez, comme d’un arbre, dater un site, ou la façon de s’exprimer sur Internet. Les sites et expériences, celles qui apparaissent, naissent dans les formes et techniques virtuelles d’aujourd’hui. Je pourrais très vite me retrouver, au contraire, dans un club d’Internet « vintage » !

Ceux qui vous ont envoyé leurs textes avaient-ils déjà une identité numérique ?
Double réponse. L’identité numérique, elle est constituée pour chacun, indépendamment de son vouloir. Pascal Quignard ou Pierre Bergounioux disposent d’une identité numérique, la somme des interventions qui les concernent sur le Net, même s’ils ne s’en sont jamais préoccupés. La question, c’est donc : que perd un auteur à ne pas maîtriser cette somme numérique, alors que tout journaliste ou animateur ou enseignant qui prépare une émission, un débat, un cours, ira d’abord chercher sur le Net. L’autre volet de la réponse c’est un paradoxe : j’ai à convaincre mes amis auteurs que cette diffusion numérique de leur travail présente un intérêt complémentaire à celui du livre. Alors publie.net intègre aussi bien des textes d’auteurs ayant peu publié, mais fondateur d’expériences virtuelles de premier plan (Pierre Ménard, Fred Griot, Philippe De Jonckheere, Emmanuelle Pagano) et des textes d’auteurs n’ayant jamais mis le doigt dans Internet (Olivier Rolin, François Salvaing) : mais je crois qu’on y trouve amusement et étonnement parfaitement réciproque. Voir Jacques Roubaud, qui répond à ma proposition par l’envoi d’un texte en quatre couleurs…

Vous parlez d’éditer de jeunes écrivains. C’est un coup à vous retrouver avec beaucoup de textes, même avec rude sélection ? Est-ce une façon de poursuivre des projets qui ne trouvent pas place au Seuil ?
La collection que j’anime au Seuil (Déplacements) peut éditer six livres par an. Nous recevons effectivement a de nombreux textes qui mériteraient publication, mais cette limitation la rend impossible : alors oui, tel essai sur Koltès (Maïsetti), tel essai sur Guyotat (Boute), que perd-on à les proposer en ligne, avec une vraie maquette et la même exigence d’édition ? D’autre part, le contemporain, en se renouvelant, renouvelle aussi ses formats : je reçois souvent des textes brefs, 50 à 70 pages, ou de mise en page très élaborée, ou intégrant des images. Pourquoi, là encore, ne pas transférer l’aventure sur Internet ? Mais je ne vois pas cela comme un choix compensatoire, ou choix par défaut : la vie intellectuelle et artistique digital native mérite qu’on y importe de la littérature. Qu’il y ait une production autonome de contemporain sur Internet. La question du nombre n’est pas à contourner : le principal acteur du livre numérique vient d’intégrer à son catalogue 1700 titres de l’Harmattan, c’est son choix. publie.net sera une coopérative, donc, plutôt qu’un comité de lecture rigide, la souplesse de pratiquants d’Internet habitués à échanger : on cooptera les titres, on prend avis les uns des autres. On sait tous que la seule chance de promouvoir un tel modèle c’est la pertinence du catalogue. Le seul axiome que m’ait donné Bernard Comment quand on a lancé cette collection au Seuil : n’éditer que ce qu’on a vraiment envie.

[1

Alain Absire | Le livre numérique en zone de non-droit ?


La numérisation massive des contenus des livres, et leur diffusion sur Internet, est en passe de modifier nos usages face à l’écrit. Le moment d’actualiser nos processus de création, de diffusion et de lecture, tant publique que privée, est venu.

A chaque époque son médium : aujourd’hui, c’est Internet. A l’heure où la médiatisation du livre (critiques et blogs littéraires, conseils de lecture en fonction des comportements d’achats, forums de lecteurs, etc.) se déplace vers la Toile, c’est le concept même de l’oeuvre qui risque de se diluer. Comme si, usant de l’outil Internet, chacun s’improvisait écrivain ou journaliste, et si éditer, ou prescrire un livre qu’on a aimé, n’était plus un métier.

Face à cette révolution comparable à celle qui a sinistré le marché des supports musicaux et audiovisuels, la tentation est forte de ne surtout rien changer. Dès lors, chaque acteur est enclin à jouer son jeu individuel. Les éditeurs, confrontés à une mutation technologique sur laquelle ils ont peu de prise, se replieraient sur des pratiques juridiques et commerciales issues du XIXe siècle, et les auteurs, plus indépendants que jamais, envisageraient soit de mandater des agents littéraires pour que leurs droits soient respectés, soit de devenir « éditeurs et diffuseurs d’eux-mêmes », grâce aux nouvelles licences « libres » qui leur permettent de moduler le périmètre de leurs droits. Sauf que tous les textes n’ont pas pour vocation d’être malléables, ouverts et sécables à volonté. Et que, sans référence de qualité, sans engagement de l’éditeur en faveur du livre qu’il choisit de publier, sans prescription du libraire ni conseil du bibliothécaire, le lecteur n’a aucune chance de s’y retrouver.

Au coeur du débat : le contrat d’édition. Qui se souvient qu’en matière de relations contractuelles entre écrivains et éditeurs, le dernier code des usages date d’il y a... vingt-six ans, à une époque où l’idée même de numérisation n’existait pas ? Or, à l’heure où, dans le cadre du projet de bibliothèque numérique européenne, la numérisation et la diffusion en ligne de dizaines de milliers de livres se mettent en place, sans que les auteurs soient consultés, rien n’est envisagé pour encadrer la cession des droits numériques qui, en référence aux termes de la Convention de Berne, ne peut se présumer. Le problème est d’autant plus crucial pour les contrats signés il y a quelques années, dans lesquels il n’est pas question d’Internet. Sommes-nous en présence d’un nouveau mode d’exploitation nécessitant un véritable travail d’adaptation éditoriale, ou d’une exploitation dérivée de l’ouvrage papier ? Si tel est le cas, au regard des droits d’adaptation audiovisuelle (partagés moitié/moitié entre l’auteur et l’éditeur), la cession devrait s’effectuer par acte séparé. A moins que l’économie juridique des contrats ne soit renversée, et que, pensée en amont, l’édition numérique ne génère des droits primaires, l’édition graphique devenant à son tour « secondaire » ?

Des droits numériques cédés pour « l’éternité »... Bien qu’il n’y soit pas contraint par le code de la propriété intellectuelle, l’auteur cède le droit d’exploitation commerciale de chacun de ses livres édités sur papier pour sa vie entière, augmentée d’une durée de soixante-dix ans post mortem. En échange l’éditeur est dans l’obligation d’assurer « l’exploitation permanente et suivie de l’oeuvre » concernée. Faute de quoi, l’auteur est habilité à reprendre ses droits et à republier le livre « épuisé » sur le support de son choix. Mais avec la vente de livres sur Internet, et la diffusion des contenus par simple téléchargement, la notion de stock nécessaire à l’alimentation d’un circuit commercial via les libraires, n’a plus cours. L’oeuvre, qui reste disponible en permanence sur le Web, même si elle est oubliée, n’a plus lieu de faire l’objet d’un nouveau tirage... D’où la nécessité de définir la durée de cession de droits d’un nouveau type, et de rééquilibrer les obligations contractuelles des uns et des autres. Il est regrettable que, le 9 octobre dernier, le 21e séminaire des responsables de droits de la Foire de Francfort, n’ait réuni qu’une demi-douzaine de Français. D’autant que, à l’instar de Lucy Vanderbilt, directrice des droits d’HarperCollins UK, les représentants de grands éditeurs internationaux y sont convenus que l’impératif pour les droits numériques est, entre autres, d’en limiter la licence dans le temps. Le jour même, au Forum intitulé « Pour une nouvelle dynamique du livre » à la Société des gens de lettres (débats mis en ligne sur sgdl. com), il apparaissait clairement qu’une nouvelle négociation du code des usages en matière de contrat serait légitime. C’était déjà la proposition no 19 du Rapport Livre 2010 de Sophie Barluet, datée de juin dernier et relayée par le rapport de la commission des affaires culturelles du Sénat, présidée par Jacques Valade.

Alors que Google numérise nos livres sans autorisation, et que l’actualité est au papier électronique, et aux terminaux de lecture Cybook de troisième génération, une articulation entre chaque type d’usage numérique (lecture à distance, abonnement, téléchargement, etc.), et les droits qui y sont attachés s’impose. Pour que la dématérialisation des supports ne s’accompagne pas d’une dévitalisation des droits, il revient aux éditeurs et aux auteurs d’envisager ensemble ces nouveaux modèles économiques de gestion des droits numériques. Mais est-ce aux auteurs de sortir du statu quo pour que ce dialogue s’ouvre sur des bases équitables ? Ou faut-il avoir recours à ce médiateur que la plupart des acteurs de la chaîne du livre appellent de leurs voeux ?

© Alain Absire – Le Monde, 16 novembre 2007

[2- note de janvier 2009 : les textes de publie.net bénéficient du dépôt légal web BNF depuis mai 2008, et désormais d’un ISBN.


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1ère mise en ligne et dernière modification le 29 janvier 2008
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