c’est l’horreur (de la bibliothèque sans livres)

préface à Lorenzo Soccavo, "De la bibliothèque à la bibliosphère", les impacts du livre numérique dans le monde des bibliothèques, à paraître chez NumerikLivres


Merci à Jean-François Gayrard, fondateur de NumerikLivres, de me proposer de préfacer le texte qui sert d’ouverture à une nouvelle collection Comprendre le livre numérique.

Lorenzo Soccavo, l’auteur de De la bibliothèque à la bibliosphère, a publié en 2007 un livre pour nous classique, Gutenberg 2.0, le futur du livre, et est depuis de nombreuses années un des veilleurs de référence de ces évolutions. Le passage que j’en reproduis ci-dessous, en avant-première, en hommage.

Ce texte se veut aussi ma contribution préparatoire au BibCamp organisé ce 15 janvier à la Bibliothèque universitaire d’Angers (et photo ci-dessus).

Ce texte est explicitement placé sous Creative Commons. Sa reproduction et son emploi partiel ou total sont libres, sous réserve de la mention intégrale : De nombreuses bibliothèques sont abonnées à www.publie.net, littérature contemporaine numérique, fondé par François Bon. Merci d’avance.

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Lorenzo Soccavo | Une bibliosphère planéraire puis neuronale


Je considère pour ma part Jorge Luis Borges (1899-1986) comme précurseur de toutes ces questions qui nous assaillent aujourd’hui, avec ce passage de l’édition imprimée à l’édition numérique, et tous les doutes qu’elles véhiculent, particulièrement pour l’avenir des bibliothèques.

Quoi de plus probant en l’espèce que cette déclaration tellement borgésienne en introduction de sa nouvelle Le livre de sable (1975), dans le recueil éponyme : « La ligne est composée d’un nombre infini de points [pixels] ; le plan [la page] d’un nombre infini de lignes ; le volume, d’un nombre infini de plans [de pages] ; l’hypervolume, d’un nombre infini de volumes. ».

Comment ne pas y lire comme une prémonition de ce que nous vivons en ce début de 21e siècle, avec ces nouveaux dispositifs de lecture qui envahissent le champ du livre imprimé, ces tablettes e-paper [papiel] ou Internet, d’une seule et unique page réinscriptible, ou encore, ce web sémantique qui émerge, comme un hypervolume infini, composé « d’un nombre infini de volumes ».

Il ne serait en effet pas impossible, et c’est là tout l’enjeu pour les bibliothèques, que durant ce millénaire, l’objet livre, avec ses avatars multiples, échappe au temps, et passe, en effet, progressivement des hypertextes à l’hyperlivre.

Un hyperlivre unique et infini ?

Dans l’œuvre de Borges les livres figurent comme autant de bibliothèques labyrinthiques.

Plutôt que de passer de l’état, que nous connaissons depuis plusieurs siècles, celui des livres dans les bibliothèques, à des bibliothèques sans livres, nous accéderions à l’état, paradoxal pour des enfants du 20e siècle, d’un unique Livre contenant l’ensemble des bibliothèques. Volume ou rouleau infini ? Flux ?

A long terme, c’est peut-être à cette conversion que doivent se préparer les bibliothèques.

Avant Le livre de sable, Borges avait déjà abordé ce délicat sujet, dans un célèbre texte, écrit en 1941 et édité en 1944 dans le recueil Fictions : La bibliothèque de Babel, dont s’inspira Umberto Eco pour sa bibliothèque du monastère dans son roman Le Nom de la rose.

Mais le texte de Borges qui, à ma connaissance, a le plus de liens avec ce que les bibliothèques vont traverser au cours de ce 21e siècle, est certainement Le Congrès.

Il y est en effet question, là aussi, d‘une bibliothèque : « La bibliothèque du Congrès du Monde », laquelle n’est pas sans pouvoir nous rappeler les ambitions de projets actuels, tel Europeana, la bibliothèque numérique européenne lancée en novembre 2008 par la Commission européenne, ou encore, la Bibliothèque numérique mondiale (BNM) de l’Unesco (World Digital Library).

Pour les responsables du Congrès imaginé par Borges : « La bibliothèque du Congrès du Monde ne pouvait s’en tenir à des ouvrages de consultation et les œuvres classiques de tous les pays et de toutes les langues constituaient un véritable témoignage que nous ne pouvions négliger sans danger. ».

Ce rêve d’une bibliothèque universelle a véritablement hanté les esprits savants depuis la plus haute Antiquité, probablement dans l’élan civilisateur du passage des sociétés nomades aux sociétés sédentaires, et semblait, jusqu’au 20e siècle, devenir de plus en plus irréalisable au fil du temps, du temps durant lequel sans cesse et à un rythme semble-t-il de plus en plus accéléré, les savoirs et les livres s’accumulèrent et s’accumulèrent toujours plus.

Tant la noble visée de Michael Hart, en 1971, avec son Projet Gutenberg, et qui disait en 1998, dans un entretien avec Marie Lebert : « Nous considérons le texte électronique comme un nouveau médium, sans véritable relation avec le papier. Le seul point commun est que nous diffusons les mêmes œuvres, mais je ne vois pas comment le papier peut concurrencer le texte électronique une fois que les gens y sont habitués… ». [Extrait entretien dans Technologies et livre pour tous, Marie Lebert, NEF, Université de Toronto, 2008], tant donc le Projet Gutenberg, que l’entreprise planétaire et commerciale de Google Books, se rattachent, tous deux à ce même rêve d’une bibliothèque universelle.

Cette bibliothèque universelle, qui semblerait maintenant possible, sera-t-elle soluble dans ces gigantesques centres de traitement des données [data-centers], nœuds vitaux stratégiques pour les géants de l’électronique mondiale et de l’entertainment réunis, Google et Apple notamment, et où chaque livre numérique n’est plus qu’une infinie suite de 0 et de 1 ?

Dans La bibliothèque de Babel Borges écrit : « L’univers (que d’autres appellent la Bibliothèque) se compose d’un nombre indéfini, et peut-être infini, de galeries, avec au centre de vastes puits d’aération bordés par des balustrades très basses. De chacun de ces hexagones on aperçoit les étages inférieurs et supérieurs, interminablement. La distribution des galeries est invariable. […] Chacun des pans libres donne sur un couloir étroit, lequel débouche sur une autre galerie, identique à la première et à toutes. […] À proximité passe l’escalier en colimaçon, qui s’abîme et s’élève à perte de vue. Dans le couloir il y a une glace, qui double fidèlement les apparences. Les hommes en tirent conclusion que la Bibliothèque n’est pas infinie ; si elle l’était réellement, à quoi bon cette duplication illusoire ? Pour ma part, je préfère rêver que ces surfaces polies sont là pour figurer l’infini et pour le promettre... Des sortes de fruits sphériques appelés lampes assurent l’éclairage. Au nombre de deux par hexagone et placés transversalement, ces globes émettent une lumière insuffisante, incessante... » [Extrait de La Bibliothèque de Babel, 1941, in Fictions, trad. N. Ibarra revue par J.P. Bernés].

Comment ne pas trouver ainsi tout naturellement aujourd’hui chez Borges, une dimension prophétique ? Certaines photographies de data-centers pourraient facilement évoquer sa description de la Bibliothèque de Babel.

En résumé, durant les prochaines décennies, l’immatérialité du livre, (re)devenant discours, flux, se conjuguerait à l’universalité de la bibliothèque, devenant enfin agora planétaire (alors que les bibliothèques furent durant des siècles réservées aux élites religieuses et politiques, puis économiques ou culturelles).

Nous passerions ainsi des bibliothèques, à, LA, Bibliothèque, tissant sa toile sur la planète toute entière.

Ce que je propose d’appeler : la bibliosphère.

© Lorenzo Soccavo & NumerikLivres.

 

François Bon | C’est l’horreur (de la bibliothèque sans livres)


C’est l’horreur : la bibliothèque n’a plus de livres. Ou bien l’an passé, venant régulièrement à la bibliothèque Gabrielle-Roy (plaisir à écrire le nom de cette immense écrivain) de Québec, toute proche de mon domicile, et ouverte jusqu’au soir vingt-et-une heures ainsi que le dimanche, le réflexe de compter, sur les tables et les fauteuils, combien occupés à leurs ordinateurs, et combien avec livres ou magazines et journaux papier. L’ordinateur l’emportait toujours, et sans compter pourtant les postes fixes mis à disposition par l’établissement même. Constat renouvelé dans les bibliothèques universitaires où j’interviens cette année, Angers qui ouvre jusqu’à 22h30, en plein centre-ville, et Sciences Po Paris.

Constat complexe : on vient donc à la bibliothèque pour lire, travailler, orditer (nous n’avons pas encore inventé de mots pour ce temps passé à l’ordinateur, qui n’est ni réellement ni travail, ni simple loisir). Y a-t-il cependant une justification à ce qu’une ville mobilise moyens humains et techniques (locaux, serveurs, fauteuils) pour un temps partagé et social, mais qu’on ferait aussi bien à son domicile ?

Je n’ai pas la réponse. Mais l’activité intellectuelle, celle qu’on mène nécessairement avec un ordinateur, est une activité sociale, quand bien même cette socialisation (transmettre des photographies de famille) resterait privée ou bien (« faire une recherche », disent les collégiens et lycéens) purement fonctionnelle. Le temps ordinateur n’est pas forcément un temps solitaire (me régale à ces photos volées du travail en groupe sur écran), mais, dans une société qui nous contraint massivement à l’individuation à outrance de nos activités, disposer de lieux qui les resocialisent peut effectivement s’inclure dans l’alphabet citoyen de la ville.
En tout cas, là où on le fait, ça marche (et n’évacue pas la liste des problèmes qu’on peut se poser du côté des bibliothèques : les écrans des postes fournis face au mur pour que la personne chargée de la surveillance des salles voie à quoi vous vous occupez, anonymat et critères d’accès à la connexion, temps maximum et rotation, services en ligne, notamment pour ceux qui en sont démunis, aide aux CV et recherche d’emploi etc.).

On comprend alors la réticence de fait, pour les bibliothèques, à proposer des services d’accès à distance. Londres est une ville gigantesque, et compte une vaste communauté francophone : la sélection de ressources numériques culturelles de l’Institut français, comment ne pas en proposer l’accès à ses propres abonnés, s’ils ont une heure de transport physique pour venir à la médiathèque ? Seulement, à ce que j’en sais, l’Institut français de Londres est le seul à proposer ce service parmi ses quatre-vingts confrères, quand il ne s’agit techniquement que de régler un « proxy ». C’est affaire aussi de contenus : la bibliothèque de Sciences Po me propose l’accès à 15 000 revues en ligne. Mais que je clique sur « littérature », et je ne verrai surgir qu’une dizaine de liens, dont un seul en français (les Études balzaciennes) : non, mais imaginez l’équivalent pour l’astrophysique, la chirurgie du cerveau ou le droit international... N’empêche : à proposer l’accès à distance, la bibliothèque risque donc de vider ses salles, ou va-t-elle paradoxalement – en réimposant dans un contexte neuf son rôle citoyen –, les remplir d’une façon différente ? Et, d’un point de vue sociologique ou citoyen, là où les bibliothèques de comité d’entreprise (il y en a quelques survivantes, mais les livres les plus demandés sont ceux qui concernent le jardinage, les travaux à la maison, les bandes dessinées, les best-sellers) sont bien empêchées devant ces nouvelles formes individuées du travail, ce ne serait pas un enjeu essentiel que proposer ce lien à ceux qui ici partagent le territoire ? Quelle révélation quand, à la médiathèque de Bagnolet, au bord tout proche de Paris, nous avons ouvert il y a deux ans un atelier blog tout public...

Seulement voilà : il faut entrer dans une logique de risque. Avec pour les bibliothèques, tout aussi immédiatement, la surface immergée de ce risque, très clairement définie : à porter sur l’écran les contenus culturels qui sont le coeur de mission, mais qui supposaient jusque-là un objet physique de repérage et d’échange – le livre (ou les autres propositions matérielles de la médiathèque : le disque, le film, l’affiche, le jeu ou le jouet éventuellement, l’oeuvre d’art aussi). La lecture dématérialisée (passons sur le mot, nous qui avons à gérer les accès, fichiers ressources ou métadonnées savons bien qu’il s’agit d’objets tout aussi précis et matériels), que perd-elle par rapport au contact physique avec le livre ? Lit-on aussi avec l’épaisseur, la fixité des blancs, se constitue-t-on son repérage mental des siècles et des oeuvres sans repérage spatial dans un lieu pensé classé ? Nous sommes – ceux de ma génération– évidemment entièrement issus de ce support : l’imaginaire, le rêve, le rapport au monde sensible (mais hors de notre perception), nous l’avons constitué par le livre, au détriment même d’outils bien plus ancestraux mais délaissés (le conte, l’oralité, la légende populaire, celle qui s’inscrivait dans la pierre même au temps des cathédrales), ou bien dans l’asynchronie provisoire d’outils existants, mais qui n’avaient pas encore fait corps avec l’écrit : ainsi, probablement, l’évolution d’une génération à l’autre de la capacité à mémoriser des images, quantitativement et sélectivement, ou bien l’acception de la documentation filmée comme partie intégrante de notre rapport au réel. Pour ma part, je savais lire lorsqu’à neuf ans, pour la première fois – en pleine guerre d’Algérie finissante et avant l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy, j’ai vu la télévision.

On lit plein d’études sur ce qui se perdrait ou se disperserait de la lecture sur écran multi-tâches, ou bien sur la mémorisation d’une page vue numériquement : mais, la plupart du temps, ces études se propagent via des PDF réalisés par leurs auteurs au détriment de toute pensée ergonomique de la page lue. Le mot lecture me paraît même en tant que tel insuffisant pour les processus liés à l’enfance, dans le rapport triple à l’image, à l’histoire, et au temps (le conte oral savait articuler les trois). Des années, j’ai vu chez moi des livres de Claude Ponti traîner par terre, et d’autres l’ont constaté : lire Ponti, pour un enfant, inclut de s’asseoir dessus lorsqu’il joue après le livre. Je ne m’assieds pas sur mes Beckett : mais, que je lève le nez (et j’ai pourtant tout Beckett numérisé dans mon ordinateur, usage privé seulement bien sûr !), ils sont de champ sur mes étagères. Le rapport à l’objet-livre dépasse la question de la lecture pour en faire un lieu symbolique, et le repère d’une fixation très complexe.

Bien évidemment, il ne s’est jamais trouvé personne pour vouloir rompre ce processus : le web, là où il est riche, associe la médiation des supports qui lui pré-existent ou lui co-existent, en même temps que – oui, résolument oui– l’enjeu pour nous est d’investir les usages neufs, y compris ceux du plus jeune enfant (qui sait en général avant ses parents cliquer sur la petite icône minuscule pour qu’une vidéo passe grand écran), pour y recréer (au sens fort, d’invention, et pas simplement de portage), ce qui constitue une tâche bien plus vieille que nous-mêmes, en termes de transmission, et – là encore – privilège du risque. À qui appartient René Char ? Et comment conduire à l’inconnu et l’éveil sans René Char (Comment vivre sans inconnu devant soi ?) ?

Les bibliothèques sont formées de longtemps à manipuler ces complexités : de longtemps, ce ne sont plus des lieux de gestion de contenus, mais bien sûr des lieux de propagation raisonnée de contenus. L’éveil, la curiosité, sont de plus antinomiques de la culture marchande, qui dispose d’outils de masse bien plus lourds. L’atelier d’écriture, la résidence d’auteur, les soirées lecture (pas de mot spécifique pour désigner l’invitation faite à un auteur de venir lire en bibliothèque !) en font évidemment partie, et c’est même peut-être un nouveau pacte.

Alors, comment transférer cette pratique toute simple, une poignée de livres regroupés selon un thème qui fasse sens, résonne ou décale, sur le chemin des visiteurs – autrement que par une triste étiquette « coup de coeur », quand ce dont on dispose c’est seulement d’un écran ? Mais écran qui peut être multiplié par huit cents (BPI, à Beaubourg), ou bien même, dans une fac, le simple petit écran d’accueil appelant l’étudiant à inscrire son adresse mail, sur son ordinateur portable, pour accéder aux ressources en ligne, comment s’en saisir pour accomplir la mission citoyenne qui justifie l’établissement ?

La profusion est évidemment massive, réjouissons-nous que ce simple fait revalide vers le haut les métiers de proximité, accueil, orientation, formation qui sont le lien direct du bibliothécaire à l’usager. On peut aller lire sur Gallica les corrections autographes de Baudelaire sur sa propre édition originale des Fleurs du Mal : mais qui y amènera discrètement celui qui, selon les dures lois de la sérendipité, ne sait pas à l’avance l’intérêt de la rencontre, et qui aidera à déchiffrer un document certes relevant de l’imprimé, mais dans une distance radicale à nos habitudes de lecture : toujours se souvenir que le livre de poche, et notamment pour la poésie, est probablement l’objet le plus complexe qu’aura su bâtir, à son plus haut, l’édition imprimée.

Temps de profusion, mais dernière idée : en elle-même, la profusion ne conduit pas à ravaler le bibliothécaire à la tâche de médiation – l’urgence de s’atteler à cette médiation des ressources numériques tend à occulter qu’elle n’est qu’un chaînon peut-être mineur [1]. Le lieu matériel de la profusion, suivre l’actualité quotidienne des négociations des grands établissements avec Google, reste la bibliothèque – et non pas une bibliothèque centralisée (comme ce qu’induisait l’idée du « dépôt légal »), mais la mise en réseau progressivement effective (et loin d’être finalisée) de l’ensemble des établissements gestionnaires de leurs ressources spécialisées. L’idée de lecture publique est d’autant plus rehaussée dans cette idée d’une profusion reléguant la sphère marchande, d’une interface obligatoire qu’elle était, à un des éléments parmi d’autres du bassin actif de ce que nous considérons par lecture. Chacun peut évidemment, depuis chez soi, et en seul clic d’une facilité déconcertante, recevoir sur sa tablette ou sa liseuse un livre numérique vendu par Amazon, iBook Store ou les autres, y compris désormais de nombreux libraires indépendants, qui savent organiser sur leur écran d’accueil tables thématiques et suggestions. Mais, avec l’accès à distance, la bibliothèque réinstaure à l’échelle de ses usagers, université ou ville ou territoire, la possibilité citoyenne de l’organisation de ces ressources : pas seulement la médiation d’un amas non défini et indéfiniment extensible de ressources, mais la constitution même de la bibliothèque qui rassemble en ce lieu physique ou virtuel ces usagers définis.

« Je vous supplie, pour signal de mon affection envers vous, vouloir estre successeur de ma bibliotheque et de mes livres que je vous donne », écrit La Boétie à Montaigne. Paradoxalement, en rompant avec l’idée de médiation et en revenant à l’idée même d’une constitution – mais affirmée telle – de la bibliothèque, numérique inclus, la lecture publique rehausse et réactualise ses métiers. Et peut pleinement, avec et hors du livre, justifier de sa fonction citoyenne et sociale, ce qui nous fait qu’on se sent parfaitement bien, à la bibliothèque Gabrielle-Roy de Québec ou à celle de Bagnolet et tant d’autres, à venir pour deux heures s’installer avec son ordinateur portable non pas pour les livres qui nous y environnent, mais pour le faire ensemble et ce à quoi tous ensemble on travaille, qui passe par lire.

[1Pour exemple concret : ainsi, lorsqu’avec la médiathèque de Poitiers nous souhaitons utiliser leur abonnement publie.net pour valoriser (et mettre en avant) l’accès à écrivains et/ou photographes travaillant de longtemps dans la région, en créant un répertoire spécifique de publie.net lié à cette utilisation, et inversement la rematérialisation des accès à ce répertoire publie.net via fantômes (idée en revient aux Champs Libres de Rennes), faux livres de carton avec la couverture du livrel publie.net, classés parmi les livres physiques.


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1ère mise en ligne 6 janvier 2011 et dernière modification le 9 avril 2011
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